Le catalogue de la Bibliothèque du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) couvre une large collection de ressources portant sur le droit international humanitaire et le CICR. Mais saviez-vous que parmi les manuels et documents officiels se trouvaient des ouvrages plus intimes, écrits par les acteurs directs des missions humanitaires ? Cet article met en avant une sélection de ces récits. De Kaboul à Puerto Cabezas en passant par Nazran, ces témoignages personnels apportent un tout autre regard sur l’action humanitaire et son histoire.

Alberto Cairo, Chroniques de Kaboul, 2007

« Kaboul est devenue ma maison en 1990. Depuis, tant de choses se sont passées, spectaculaires ou secrètes, dramatiques ou comiques. »

Alberto Cairo, physiothérapeute pour le Comité international de la Croix-Rouge, nous dépeint un Afghanistan rongé par le conflit armé, mais dans lequel subsiste l’espoir. Modeste et pragmatique, il se place en spectateur d’une vie qui suit son cours, en tenant un journal des évènements survenus à travers le récit de ses rencontres : collègues, amis, bénéficiaires. Initialement publiés dans le quotidien italien La Repubblica, ces instants de vie sont regroupés dans cet ouvrage sous forme de petites histoires par lesquelles le lecteur voit se dessiner les contours d’une action humanitaire permettant l’exercice d’un des droits les plus fondamentaux, celui de la dignité humaine.
Aussi disponible en version originale italienne.

Guy Delisle, S’enfuir : récit d’un otage, 2016

« Être otage, c’est pire qu’être en prison. En prison, tu sais pourquoi tu es là et à quelle date tu vas sortir. Quand tu es otage, tu n’as même pas ce genre de repère. Tu n’as rien. »

Ce temps qui s’écoule, qui passe sans fin, c’est ce qu’a vécu Christophe André, membre d’une ONG dans la région du Caucase, lorsqu’il a été fait otage un soir d’été 1997. Entre espoir, déception et peur, ses 111 jours de captivité sont racontés avec précision, de son kidnapping à sa fuite, à travers les dessins de Guy Delisle. Une bande dessinée prenante, parfois anxiogène, ponctuée de quelques touches de sarcasme, qui nous plonge dans le quotidien et les pensées d’un humanitaire dont la vie a basculé en une nuit.

 

André Pasquier, Chronique commémorative de ma mission au Cambodge, 2015

« Seul dans mon bureau, je m’interroge. Que faire ? Partir ? Rester ? Avec quelles conséquences dans les deux cas ? Partir, rester ? Me voilà au pied du mur. Que vais-je dire aux membres de la délégation qui seront là dans moins d’une heure ? »

Nommé chef de délégation du CICR à Phnom Penh, André Pasquier arrive au Cambodge le 29 janvier 1975 dans un contexte de guerre civile débutée cinq années plus tôt. La richesse de son récit est de narrer, d’un point de vue interne, la chute de la capitale cambodgienne, en retranscrivant les correspondances avec les différents acteurs, la complexité des décisions à prendre dans l’urgence, mais aussi les critiques dont peut souffrir le travail d’un humanitaire.

Danielle Coquoz, Rio Wangki, 2021

« Le délégué du CICR est un passant, dans tous les sens du terme. Il entre dans une situation généralement tragique et chaotique, puis il en sort, un ou deux ans plus tard. Il passe le relais et poursuit sa route. »

En 1986, Danielle Coquoz et Andrée Juvet, respectivement cheffe de bureau et infirmière, sont envoyées au Nicaragua par le CICR pour venir en aide aux Miskitos, peuples indigènes contraints à fuir leurs terres en raison de la guerre civile. La descente en pirogue des « las dos locas de la Cruz Roja » sur le fleuve Rio Coco (appelé Rio Wangki) nous est racontée avec humour et honnêteté, des préparatifs aux distributions de vivres, sans oublier les pannes de moteur et les pluies diluviennes, transformant cette mission humanitaire en véritable épopée.

Jean-François Berger, Eclats de mémoire(s), 2010

« Je [lui] demande quelle différence il y a entre un expatrié et un employé local. Sans hésiter, elle me répond : « Vous, les expatriés, quand vous êtes sur le terrain, vous avez le visa de sortie… Nous pas ! ».

Ceux que l’on nomme les employées locaux, nationaux ou encore de délégation dont le rôle est souvent occulté représentent, du fait de leurs connaissances du terrain et leur engagement, une valeur ajoutée essentielle à l’action humanitaire. Dans ce recueil, Jean-François Berger, lui-même ancien délégué dans les Balkans, met en lumière ces hommes et femmes ayant travaillé pour le compte du CICR en Ex-Yougoslavie entre 1991 et 2001.  L’action de ces humanitaires, touchés personnellement par le conflit en cours, donne tout son sens au principe de neutralité.

Marcel Junod, Le troisième combattant, 1947

« Il n’y a jamais que deux adversaires, mais auprès d’eux et parfois entre eux survient un troisième combattant. »

Ce troisième combattant est l’intermédiaire neutre dont le rôle est d’apporter un peu d’humanité là où celle-ci semble perdue. Marcel Junod, connu pour avoir été l’un des premiers médecins occidentaux à se rendre à Hiroshima après l’explosion de la bombe atomique, illustre encore de nos jours la figure du « délégué du CICR ». Le récit de ses missions en Ethiopie, en Espagne et durant la Seconde Guerre mondiale nous confronte à la réalité du travail humanitaire avant l’adoption des Conventions de Genève de 1949, où les civils ne jouissaient pas de protection conventionnelle en temps de conflit armé et où les traités antérieurs n’étaient pas largement ratifiés.

Aussi disponible en versions allemande, anglaise, croate, espagnole, grecque, japonaise, russe, et suédoise.

Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier, Le photographe, 2010

« Quand un reporter photographe rentre de mission dans un pays en guerre, il ramène des centaines de photos et autant d’anecdotes. »

Mélange de roman photo et de bande dessinée, cet ouvrage suit les pas du photojournaliste Didier Lefèvre lors de son reportage aux côtés de Médecins Sans Frontières en Afghanistan durant la guerre opposant les Soviétiques aux Moudjahidin en 1986. Toute l’originalité de ce récit est de raconter le travail des humanitaires dans les montagnes afghanes à travers les yeux (et l’objectif) d’un photographe à la fois acteur et spectateur de la mission.

Carol Bergam, Another Day in Paradise, 2003

“I want to assist people in changing their environment, changing their lives, in order to improve their chances of survival in this world gone crazy.”

Head of delegation, volcanologist, mine clearer, doctor or even photojournalist, these men and women have in common that they have chosen to work to bring a little humanity back into this world. From Ecuador to Sierra Leone, Vietnam to Bosnia, Carol Bergam compiled testimonies of fifteen humanitarians who describe, in their own words, their missions and motivations for helping populations affected by natural disasters or armed conflicts.

 

Frank Ryding, Memoirs of a Red Cross doctor, 2017

“What on earth am I doing here? I’m getting nearer and nearer to a war zone!”

Frank Ryding, a young British anesthetist looking for new adventures, applied in 1980 to a British Red Cross job offer for a general medical officer in Thailand found in a medical journal. At that moment, he had no idea that this three-month mission would be the first of many. For 35 years, this doctor has travelled the world with the Red Cross to help victims of armed conflict. His only motivation for working in what he calls « the most horrific wars on earth » is summed up by this proverb: « It is better to light a single candle than to curse the darkness ».