Introduction

Dans le numéro de juillet 1942 de la Revue internationale de la Croix-Rouge, on peut lire le compte rendu suivant : « Sous le titre Le Drapeau de l’humanité, un film documentaire vient d’être réalisé sous les auspices du Comité international et a été présenté pour la première fois dans une salle de cinématographe à Genève, du 18 au 25 juin[1]. Le public et la presse ont accueilli très favorablement cette présentation émouvante, au cours de laquelle alternent des vues d’ensemble prises dans les services de l’Agence centrale des prisonniers de guerre, des scènes tournées dans les camps de prisonniers lors du passage des délégués du Comité international, ainsi que des épisodes saisis au cours des rapatriements des prisonniers. »[2]

Cinq mois plus tard, la Revue publie ce communiqué : « Le jury de l’Exposition de Venise[3], composé des délégués officiels des nations participant à cette manifestation, vient d’informer le Comité international de la Croix-Rouge que la médaille de la Biennale a été attribuée au film cinématographique le « Drapeau de l’humanité« . Cette bande documentaire, récemment réalisée, décrit et commente l’action du Comité international de la Croix-Rouge et de l’Agence centrale des prisonniers de guerre à Genève. Après avoir été présenté dans la plupart des villes de Suisse occidentale, le « Drapeau de l’humanité » passe actuellement en version allemande dans un grand nombre de localités de la Suisse centrale. Une version anglaise de ce documentaire est également en préparation. »[4]

Le CICR ne cache pas sa fierté de voir l’une de ses bandes documentaires, selon l’expression de l’époque, ainsi récompensée dans une manifestation de renommée internationale.

Toutefois, avant d’être primé, ce film aura connu plusieurs versions.

Trois d’entre elles[5] sont parvenues jusqu’à nous. C’est sur leur analyse plan par plan et sur celle du Drapeau de l’humanité[6] lui-même, ainsi que sur le dépouillement de quelques dossiers d’archives[7] et autres sources publiées[8] que se fonde cette synthèse.

Un autre film a été pris en compte : Empfang der Kommission des IRK im Stalag II d, Stargard in Pommern durch den Kommandanten Oberst Henke am 30. Januar 1941[9], tourné par les autorités allemandes dans un camp de prisonniers français. Nous y reviendrons en détail plus loin.

A noter que les informations recueillies dans les sources consultées sont assez rares. Aucun dossier de production n’existe et les renseignements trouvés dans la correspondance sont rarement significatifs.

Avant de présenter le contexte de production du Drapeau de l’humanité, précisons que nous nous bornerons ici aux éléments relevant de la cinématographie du CICR, laissant de côté ce qui a trait aux activités opérationnelles de l’institution en 1941-1942. Celles-ci ne seront évoquées que dans la mesure où leur influence sur le film est avérée.

Lire l’article complet: Le Drapeau de l’humanité : un film à la lumière des archives


                                                                                                

[1]  En réalité, Le drapeau de l’humanité a été présenté du 19 au 25 juin. Voir ci-dessous p. 7.

[2]  Revue internationale de la Croix-Rouge, no 283, juillet 1942, pp. 479-480.

[3]  Il s’agit de la Biennale de Venise, laquelle sera interrompue en septembre 1942 du fait des hostilités. La Biennale suivante se tiendra en 1948.

[4]  Revue internationale de la Croix-Rouge, no 288, décembre 1942, p. 932.

[5] ACICR, V F CR-H-00015, Le Comité international de la Croix-Rouge à Genève, ACICR, V F CR-H-00016, Das Internationale Komitee vom Roten Kreuz in Genf et ACICR, V F CR-H-00017, Das Internationale Komitee vom Roten Kreuz in Genf : ein Beispiel seiner Tätigkeit, 1940-1941.

[6] Pour la commodité de la lecture, le titre abrégé sous lequel le film est par ailleurs connu, Le drapeau de l’humanité, est préféré au titre complet : Le drapeau de l’humanité : le Comité international de la Croix-Rouge à Genève présente un exemple de son activité, 1940-1941, scénario : Gertrud Spoerri et Kurt Früh, montage : Kurt Früh, cameramen : Arthur et Robert Porchet, production : CICR, 1942.

[7]  Principalement ACICR, B G 58, Généralités : affaires opérationnelles 1939-1959. Information. Films-cinéma, ACICR, B G 17, Films. Film sonore sur l’activité du CICR, septembre 41-janvier 48 et ACICR, B AG 062), Film, 1943-1969.

[8]  Revue internationale de la Croix-Rouge, no 253, janvier 1940 – no 324, décembre 1945 et Rapport du Comité international de la Croix-Rouge sur son activité pendant la seconde guerre mondiale (1er septembre 1939-30 juin 1947) : Volume II : l’Agence centrale des prisonniers de guerre, Genève, mai 1948.

[9]  ACICR, V F CR-H-00048, Empfang der Kommission des I.R.K. im Stalag II d, Stargard in Pommern durch den Kommandanten Oberst Henke am 30. Januar 1941.