Le 17 avril 1975, Phnom Penh, la capitale du Cambodge, tombe aux mains des Khmers rouges, un groupe se réclamant du communisme nationaliste. Cet événement marque durablement l’histoire du Cambodge et celle du CICR. L’action de l’organisation dans ce pays déjà affaibli par plusieurs années de guerre civile et d’instabilité politique, a deux particularités : la première est qu’il s’agit d’une des seules organisations humanitaires actives jusqu’à la chute de Phnom Penh.  Ensuite, le CICR est également la seule organisation dont une poignée de délégués – quatorze, plus précisément [1] – sont volontairement restés dans le pays dans le but de poursuivre leur travail humanitaire avant de devoir y renoncer pour se réfugier à l’ambassade de France. Tous les étrangers avaient été sommés de partir, y compris les collaborateurs du CICR. Déterminés à mener leur mission jusqu’au bout, ils décident de rester.

Quelle place pour l’humanitaire dans de telles circonstances ? La présence du CICR en 1975 à Phnom Penh, montre que l’action humanitaire requiert une posture d’équilibriste, surtout dans un contexte d’absence de confiance de la part des autorités en place et d’impossible dialogue.

De nombreux documents des archives audiovisuelles du CICR témoignent du caractère difficile de cette mission. Les photographies de camps pour personnes déplacées, les images de l’établissement d’une zone neutre à Phnom Penh et de travail des volontaires de la Croix-Rouge khmère en coopération avec les collaborateurs du CICR dans les hôpitaux cambodgiens reflètent la pluralité de l’action humanitaire menée au Cambodge déjà dans les années 1970. Les enregistrements vidéo, de nature documentaire pour la plupart, donnent un aperçu de la situation humanitaire du pays au fil des années : Crisis Cambodia et Les oubliés de la frontière : aspects de l’action du CICR sur la frontière thai-cambodgienne en 1984 en sont quelques exemples. À ceci s’ajoute un témoignage d’André Pasquier, chef de délégation du CICR au Cambodge en 1975, en vidéo. La chronique de sa mission apporte des éléments précis sur le déroulement des événements en 1975 à Phnom Penh et constitue un élément-phare dans ce récit.[2] Des enregistrements de radiocommunication permettent de comprendre la réalité du lors de moments-clés des missions des différents délégués impliqués: celui du docteur Pascal Grellety, du chef de délégation François Perez, prédécesseur d’André Pasquier et de Suzanne Jolivet, membre des équipes médicales mobiles. Peter Kunz, opérateur radio en poste à Phnom Penh en 1975, a accepté de témoigner.

L’article présentera un déroulé chronologique des événements en mettant surtout l’accent sur leur point culminant, en avril 1975 et en se concentrant principalement sur l’action du CICR, au détriment d’une narration exhaustive des événements historiques. Une troisième partie portera un regard postérieur sur cette mission. Sera traitée la manière dont la mission a été couverte par la presse, suivie d’un témoignage du travail humanitaire au Cambodge par Sylvie Léget, photographe et attachée de presse en mission pour le CICR en 1989.

1. Le CICR au Cambodge pendant la guerre civile : 1967-1975

Contexte historique

L’éclatement des violences commence en 1967 par une insurrection paysanne, résultat d’années de tensions politiques dans le pays. La révolte transforme le paysage politique du pays. Elle est exacerbée, d’une part, par une situation économique défavorable et, d’autre part, par une influence communiste ascendante, celle du mouvement des Khmers rouges. Le roi Norodom Sihanouk, régulièrement pointé du doigt pour sa passivité, confie provisoirement les rênes du pouvoir au général Lon Nol en 1969, un premier ministre ouvertement anticommuniste soutenu par les États-Unis.

En 1970, un coup d’état marque une nouvelle ère : la monarchie est abolie et la République khmère, dirigée par le Général Lon Nol, est proclamée par un vote parlementaire. Norodom Sihanouk s’exile à Pékin, où il s’allie aux Khmers rouges. Il y crée le Gouvernement royal d’union nationale du Kampuchéa (GRUNK) et incite ses concitoyens au Cambodge à prendre les armes contre Lon Nol. Sa faible popularité ne rend ses appels que peu audibles. De plus, l’aide militaire qu’octroient les États-Unis au gouvernement en place dans sa lutte contre les forces communistes ne joue pas en faveur de l’ancien monarque.

Pendant ce temps, les Khmers rouges, déterminés et soutenus par les autres factions communistes, poursuivent leur progression. Se resserrant de plus en plus autour de la capitale, le groupe finit par proclamer sa victoire avec la prise de Phnom Penh en 1975.

La délégation du CICR au Cambodge

Les bouleversements politiques et l’incertitude économique dans lesquels plonge le pays font émerger de nombreux besoins humanitaires auxquels le CICR tente de répondre. Les déplacements de population, avec tout ce que ces mouvements impliquent – la faim, les maladies, les conditions de vie dans les camps – représentent un défi de taille. Le passage de la monarchie à un gouvernement militaire au Cambodge requiert, lui aussi, de nombreux ajustements. Ainsi, dans la foulée de la destitution de Sihanouk de sa fonction de chef de l’Etat, la Croix-Rouge du Cambodge « a suivi en destituant la Princesse Monique, épouse de Sihanouk, de sa fonction de présidente ». [3] Le CICR, présent dans le pays avant 1967, collaborait déjà régulièrement avec la Croix-Rouge locale lors de distributions de secours alimentaires aux personnes déplacées.

Province de Battambang, Beng-Khtum. La Princesse Neak Moneang Monique Sihanouk, présidente de la Croix-Rouge cambodgienne, distribue de secours à des personnes déplacées, photographe inconnu, 23 décembre 1968, référence : V-P-KH-E-00066. © CICR

Malgré l’instabilité politique et les changements qui l’affectent, la Croix-Rouge cambodgienne continue de jouer un rôle humanitaire central – elle se montre également très active dans le service de recherches, qui reçoit des demandes en grand nombre en raison du flux croissant de personnes déplacées.

Phnom Penh. Service de recherches de la Croix-Rouge khmère, Max VATERLAUS, mars 1973, référence : V-P-KH-D-00001-21. © CICR

Le CICR, lui, fournit en premier lieu de l’assistance aux orphelins et aux victimes de guerre dans des camps où ont régulièrement lieu des distributions de lait enrichi aux enfants, des soins médicaux et des distributions de médicaments.

Phnom-Penh, siège de la délégation du CICR. Discours d’un délégué du CICR lors de la remise de dons CICR: 99 cartons de médicaments et 593 cartons de lait à la Croix-Rouge khmère, photographe inconnu, 05 avril 1973, référence : V-P-KH-E-00192. © CICR

Une mission difficile à anticiper

Quelque chose surprend lorsqu’on se penche sur les archives des activités du CICR à Phnom Penh: contre toute attente, malgré les besoins humanitaires, notamment le manque de nourriture et les maladies qui sévissent, telles que la rougeole, les épidémies de dysenterie ou le paludisme, le moral des habitants y est relativement bon. C’est ce qu’exprime, surpris, Pascal Grellety, dit « le docteur Pascal Grellety », médecin de terrain pour le CICR et cofondateur de Médecins sans frontières, dans une interview du 11 février 1974. [4] Alors que l’équipe médicale s’attend à trouver des rues désertes, ce médecin fait part de son étonnement de trouver des « terrasses pleines », « une population souriante », « des enfants qui jouent ». Vraisemblablement, les Cambodgiens se sont habitués à vivre avec la guerre. Par ailleurs, Peter Kunz nous le confirme : les délégués du CICR (ou, de manière générale, les Occidentaux) sont les seuls à « compter les roquettes » qui tombent au hasard dans les rues. Une autre conversation radio au sujet de la situation à Phnom Penh datant du 31 janvier 1975 [5] fait écho à cette observation. Le chef de délégation en fin de mission à ce moment-là, François Pérez assure, à l’instar de son collègue médecin, que le moral des habitants est « bon » et que le ravitaillement est assuré.

Cependant, le 16 février, dans un autre message, le propos devient plus nuancé. [6] François Pérez fait part de sa préoccupation quant aux roquettes qui continuent de tomber et qui touchent tous les quartiers. Il mentionne aussi l’isolement croissant de la capitale, déjà fortement dépendante des provinces agricoles. La guerre et les mauvaises conditions climatiques, à l’origine d’une réduction drastique de la quantité des récoltes acheminée vers la capitale, rendent Phnom Penh entièrement dépendante de l’aide extérieure.

À ce moment-là, quelques ONG organisent encore des soupes populaires tandis que le CICR poursuit ses efforts avec la distribution de lait et l’élaboration d’un programme médico-nutritionnel.

Même constat du côté d’André Pasquier, arrivé à Phnom Penh le 29 janvier 1975, qui s’apprête à prendre la place de François Pérez à la tête de la délégation. Il écrit :

A mon arrivée à Phnom Penh, je m’attendais à découvrir une capitale meurtrie et endommagée par cinq années de guerre. A mon étonnement, la ville s’offrait à mon regard de nouvel arrivant avec ses larges avenues ombragées, ses villas coloniales entourées de jardins fleuris, ses pagodes et palais aux toits cornus recouverts de tuiles vernissées, ses restaurants flottants amarrés aux rives du Mékong, ses rues grouillant de vie. Comment ne pas succomber à la séduction de cette cité délicieusement provinciale, enserrée dans une moiteur tropicale dans laquelle se dissipaient toutes les appréhensions ? La vie semblait s’y dérouler heureuse. Il n’y avait qu’un check-point de l’aéroport vers le centre-ville, peu de soldats visibles dans les rues. Pourtant, derrière ce décor paisible, en trompe-l’œil, la guerre était tapie à une quinzaine de kilomètres, et chaque soir elle faisait entendre sa voix à l’heure où le rideau de la nuit tombait brusquement et où l’agitation des rues faisait place au silence sourd. Dans un bourdonnement d’orage lointain, les barrages d’artillerie des défenseurs de Phnom Penh emplissaient alors la nuit d’un roulement feutré de grosse caisse auquel répondaient, par saccades, les sifflements stridents et le fracas des roquettes chinoises des Khmers rouges qui s’abattaient au hasard sur la ville. [7]

1975 est une année où les besoins humanitaires, déjà aigus, sont accentués par la prolongation de la guerre, l’instabilité du Cambodge, l’incertitude politique. L’avancée des Khmers rouges, leur encerclement de la capitale puis la victoire changent le champ d’action et les possibilités du CICR pour répondre à des besoins qui ont atteint leur point culminant.

Vers l’isolement

Loin de se résoudre, les tensions montent de toutes parts dans le pays. Le 14 mars, depuis son exil en Chine, Sihanouk envoie un télégramme qui exhorte le CICR, ainsi que toutes les représentations diplomatiques, à évacuer le personnel étranger, dont la sécurité n’est désormais plus garantie.

Dès la fin du mois de mars, les ambassades se mettent à fermer leurs portes les unes après les autres et organisent le départ de leurs ressortissants. Certains membres du personnel médical de sociétés nationales interrompent inopinément leur mission.

4 avril

L’équipe de la Croix-Rouge suisse du Dr Richner est partie ce matin pour Bangkok.

5 avril

L’équipe chirurgicale de la Croix-Rouge suédoise évacue également Phnom Penh.[8]

En réponse à l’avertissement donné par Sihanouk, Roger Gallopin, Président du Conseil Exécutif du CICR,[9] exprime quelques réserves, notamment vis-à-vis de l’évacuation du personnel médical qui ne peut « abandonner les malades sans avoir pu les remettre entre des mains compétentes ». Le 8 avril, Sihanouk justifie sa déclaration : « […] nous voulons éviter à tout prix d’avoir d’inutiles complications avec les pays étrangers et organisations internationales ayant collaboré avec la soi-disant république khmère. […] En ce qui concerne les questions humanitaires nous revendiquons le droit de nous en charger seuls sans aucune ingérence étrangère. A cet égard je me permets de vous rappeler que nous ne sommes ni membre de la Croix-Rouge internationale, ni membre de l’ONU, ni membre de l’Unesco.»[10]

Des rumeurs d’intensification de la guerre parviennent aux cercles diplomatiques. Seules quatre ambassades gardent leurs portes ouvertes : celles des États-Unis, de la République démocratique allemande, de la Tchécoslovaquie et de la France.

Le 11 avril, André Pasquier convoque une réunion d’urgence après s’être entretenu avec l’ambassadeur américain John Grunther Dean. Il ne faudra plus que quelques jours aux Khmers rouges pour s’emparer de la capitale. Un dernier délai est accordé au personnel du CICR pour quitter le pays.

Le chef de délégation décide, malgré tout, de rester sur place. Un choix controversé, qu’il qualifie, cite-t-il, de  « seule décision dont je n’aurai jamais à rougir ».[11] Devant ses collègues, il en détaille les raisons et propose librement à chacun de choisir ce qui semble juste. Sur les vingt-quatre personnes présentes, quatorze lui emboîtent le pas. Peter Kunz, à qui l’on a demandé lors de l’entretien de nous en expliquer les raisons, nous confie : « J’étais quand même une personne-clé à cause de ce poste de radio, je ne pouvais pas abandonner mon équipe, tout comme les équipes médicales ne pouvaient pas toutes partir ». [12] La décision, qualifiée d’« irresponsable » par les Américains, restera sans réponse de Genève pendant deux jours. Il faudra plusieurs demandes pour qu’André Pasquier obtienne enfin le feu vert. C’est à ce moment-là que le CICR devient véritablement la seule organisation humanitaire active au Cambodge.

Un message qui passe mal

En avril 1975, un autre élément perturbateur majeur s’immisce dans le travail de l’organisation. Au cœur d’un contexte politique mouvementé, le CICR reçoit une demande de transmission d’un message à l’autre partie en vue d’une proposition de cessez-le-feu : « Dans le courant de la journée du 16 avril, j’ai eu la possibilité de rencontrer le premier ministre de la République, M. Long Boret, qui me priait de bien vouloir transmettre un appel de son Gouvernement à l’autre Partie » [13]. En effet, par son caractère intrinsèquement neutre et apartisan, le CICR se pose en intermédiaire privilégié pour faire la liaison entre le gouvernement en exil de Sihanouk à Pékin, allié des Khmers rouges qui gagnent du terrain, et le gouvernement militaire encore en place, quoique fragilisé et allant vers une chute prochaine.

Hélas, l’initiative est mal reçue : la réaction du GRUNK à Pékin, qui s’est d’abord fait attendre, est virulente. Non seulement la neutralité du messager n’est pas reconnue, mais le CICR est également accusé de sympathie avec Lon Nol pour n’avoir pas officiellement reconnu les Khmers rouges. The Guardian affirmera plus tard que, bien que l’offre ait été délibérément mal reçue, le CICR n’exclut pas l’hypothèse qu’il se soit agi d’une réaction délibérée visant à inciter tous les étrangers à quitter le pays, peu importe leur rôle.[14]

« Comment se comporteront les Khmers rouges avec nous qui avons choisi de rester là en dépit des mises en garde de Sihanouk et qui assurément avons encore aggravé notre cas en établissant une zone neutralisée et en jouant les intermédiaires neutres ? Ai-je été naïf en agissant ainsi ? Toutes mes illusions sur un possible dialogue avec les vainqueurs s’envolent. » [15] – André Pasquier.

L’établissement d’une zone de sécurité neutre

Pour protéger les civils des bombardements et leur apporter un soulagement matériel de base, la délégation du CICR prend la décision de neutraliser un hôtel central de la capitale, Le Phnom. De cette manière, malgré des ressources matérielles et humaines limitées, l’ouverture d’un abri de fortune temporaire permet aux équipes médicales du CICR de soigner des blessés. C’est pendant la transmission du message de cessez-le-feu par le CICR, le 16 avril tôt le matin, que la demande en ce sens est adressée au gouvernement de Long Boret, Premier ministre du gouvernement de Lon Nol, de la part du chef de délégation.

Le 16 avril à 17h, la zone de sécurité de l’hôtel est établie, signalée par des grands drapeaux Croix-Rouge sur les façades de l’édifice. Cette action, bien accueillie par la majeure partie du groupe d’étrangers présents, est mal reçue par quelques autres, dont Christoph Maria Fröhder, un journaliste allemand qui estime qu’il s’agit d’une mesure qui « n’a aucun sens dans une ville de deux millions d’habitants ». « D’autant plus que vous n’avez aucune garantie que les Khmers rouges la respecteront » [16], précise-t-il. Des délégués du CICR sont désignés pour contrôler l’entrée et veiller à ce qu’aucune arme ne soit introduite dans le bâtiment. Nombreux sont les Phnompenhois qui affluent vers l’hôtel, espérant y trouver un abri pour quelques jours, le temps que la paix soit rétablie.

Phnom Penh. Scène de rue, Michèle MERCIER, 1975, référence : P-KH-D-00003-01. © CICR

Le matin du 17 avril apporte une lueur d’espoir éphémère. Pendant que les délégués restés sur place s’affairent à soutenir et soigner les réfugiés du Phnom, la ville est d’une quiétude inhabituelle. L’armée gouvernementale cesse les combats, laissant les Khmers rouges faire irruption dans la ville. Marchant d’un pas décidé, le visage fermé,[17] les vainqueurs enjoignent aux soldats de déposer leurs armes. Le silence de la foule se mue en acclamations de joie, les civils y voyant la fin d’une guerre et le retour de la monarchie, avec à sa tête, l’ancien roi Norodom Sihanouk.

« À cette époque de l’année, les Cambodgiens célébraient le Nouvel An khmer. Beaucoup d’entre eux se disaient :  »Sihanouk revient, ce sera la fête ! ». Mais ce matin-là, la déception était immense », se souvient Peter Kunz. [18]

La joie est, cependant, de courte durée. Peu après leur arrivée et contre toute attente, les nouvelles autorités, marchant au milieu d’une foule en liesse quelques minutes plus tôt, ordonnent l’évacuation de la ville.

Au Phnom, les délégués du CICR font les frais de ce changement inattendu. Le message du CICR, mal reçu par les autorités, a mis à mal la légitimité du CICR qui fait une ultime tentative de négociation. Peu après l’entrée des Khmers rouges dans la ville, l’un de leurs représentants se rend dans l’hôtel neutralisé. André Pasquier, qui le reçoit, tente tant bien que mal d’expliquer les raisons de cette neutralisation, l’action et le mandat du CICR et sa réglementation prévue par la Quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre [19]. Une rencontre qui se solde, de nouveau, par un échec. André Pasquier détaille la scène en ces termes :

J’expose à ce représentant le pourquoi de cette zone [neutre], ses objectifs, ce que nous pensions faire par ce moyen. Je lui expose également quel est le personnel dont je dispose, quels sont nos moyens et que nous sommes disposés à leur apporter des secours dans la mesure où ils le souhaitent. Ce représentant en prend note et me dit que la Croix-Rouge n’a pas à être impliquée dans la politique. Réponse un peu surprenante peut-être, mais qui se comprend du fait que le Comité international a transmis la dernière offre de reddition du gouvernement, que cette offre avait été très mal accueillie, et que le Comité avait reçu une réponse assez sèche des représentants du GRUNC, et que le matin même, radio Pékin, se lançait dans une diatribe contre les gens qui avaient osé tendre une dernière perche au Gouvernement fantoche de la République, alors que notre rôle s’est limité à celui d’intermédiaire neutre, qui nous est dévolu par les Conventions de Genève. [20]

Le 17 avril à 11h30, les hôpitaux sont évacués de force par les combattants et, à 16 heures, il en est de même du Phnom, qui se vide sous la menace des armes. Peu à peu, la capitale en vient à être désertée et les membres de la délégation, à l’instar des autres étrangers, sont contraints d’abandonner leurs activités et de se réfugier à l’ambassade de France.

Phnom Penh. Hôtel le Phnom neutralisé par le CICR, Michèle MERCIER, février 1975, référence V-P-KH-D-00008-02. © CICR

« A deux mètres de moi, un jeune Khmer rouge, le regard fou, vociférant, pointe à bout portant son revolver sur le visage de Streijfert, un délégué suédois qui, faisant écran de son corps, refuse de le laisser avancer en lui criant :« Go out ! this is a Red Cross zone ! You have no right to enter it. » Mon sang se glace. Je hurle à Streijfert de s’écarter. Il obtempère. Le Khmer rouge baisse son arme et pénètre dans l’hôtel. Blême, je réalise que nous venons d’échapper à ce qui aurait pu être le début d’un massacre. » – André Pasquier, chef de délégation du CICR à Phnom Penh. [21]

Établissement d’une zone sanitaire et de sécurité par le CICR à Phnom Penh, ACICR B AG 203 042.001-02

« La délégation de la Croix-Rouge internationale avait décidé d’établir une zone refuge à l’hôtel le Phnom dans l’intention d’épargner la vie des civils. Le gouvernement de Phnom Penh s’y était longtemps opposé, puis avait donné son accord dans l’après-midi du 16 avril. De Pékin, le prince Sihanouk avait opposé une fin de non-recevoir à cette proposition. Malgré ce refus, la Croix-Rouge avait tenté de faire quelque chose, consciente de la précarité de l’asile qu’elle promettait. », François Ponchaud dans Cambodge, année zéro.

Phnom Penh. Foule devant l’hôtel Le Phnom neutralisé par le CICR, Michèle MERCIER, février 1975, référence V-P-KH-D-00008-03. © CICR

Phnom Penh, hôtel Le Phnom. Rencontre entre deux délégués du CICR et un membre des forces armées du GRUNK après la chute de la capitale, François ZEN RUFFINEN, 17 avril 1975, référence: V-P-KH-D-00008-04. © CICR

Voyant la photo lors de la discussion menée par André Pasquier (en bas à gauche), Peter Kunz identifie le Khmer rouge reconnaissable à son krama (écharpe rouge et blanche). Il affirme qu’il «n’a pas prononcé un seul mot bien qu’il parlât le français et comprenait donc tout ce qu’il se disait».

L’ambassade de France et le déplacement forcé des civils

« Vers 16 heures, une voiture radio passa le long du boulevard Monivong (Prachéathipatei) et lança un ordre d’évacuation générale. « Les gens réfugiés à l’hôtel le Phnom, ainsi que le personnel étranger, devront avoir quitté les lieux avant 17 heures. Pour le millier de réfugiés et le personnel de la Croix-Rouge, ce fut l’affolement : où partir ? Les étrangers songèrent à l’ambassade de France, les Khmers, eux, suppliaient : « Ne nous abandonnez pas ! » Et tous, de partir dans un désordre indescriptible, abandonnant matériel et médicaments. », [22] François Ponchaud dans Cambodge, année zéro.

En entrant à l’ambassade de France, le CICR est contraint de cesser toute activité humanitaire. Tous, délégués compris, ne sont plus considérés que comme de simples réfugiés étrangers. Les emblèmes Croix-Rouge sont retirés, cachés et les véhicules de l’organisation ne sont pas autorisés à pénétrer dans l’enceinte [23]. Plus aucune manœuvre n’est possible : journalistes, diplomates, délégués et autres étrangers doivent rester à l’abri dans l’enceinte du bâtiment, à subir chaque journée qui apporte son lot d’incertitude et d’inactivité forcée.

Phnom-Penh. Réfugiés à l’ambassade de France, photographe inconnu, avril 1975, référence: V-P-KH-E-00085. © CICR

« Le 17 avril 1975, je m’en souviens comme si c’était hier. Nous avons suivi les instructions et nous nous sommes rendus à l’ambassade de France. Je me souviens de cette photo, celle des valises que tout le monde balançait par-dessus le grillage… et bien j’ai fait pareil. Je me rappelle aussi que l’ambassadeur nous avait dit : ‘’Vous, vous avez travaillé avec l’ancien gouvernement. Nous, on a reconnu le nouveau gouvernement’’. J’étais arrivé avec une vieille Peugeot 404 mais on ne pouvait pas entrer avec nos voitures. Un Khmer rouge avait alors pointé son pistolet dans ma direction et m’a crié  »Sors de là ! », avant de prendre la voiture et de partir, avec le symbole de la Croix-Rouge dessus. » – Peter Kunz.

Trois mille personnes trouvent refuge à l’ambassade, parmi lesquels figurent de nombreux Cambodgiens, délogés de force par les Khmers rouges peu de temps après. Quelques représentants de l’ancien gouvernement – dont Lon Nol et le Prince Sisowath Sirik Matak – s’y abritent également de façon éphémère, avant d’être arrêtés par les autorités, qui ont dressé au préalable une liste de traîtres condamnés à mort. Le 22 avril, la capitale est vidée de ses deux millions d’habitants ; la représentation diplomatique, avec ses résidents improvisés, n’est qu’un îlot de présence humaine dans une capitale déserte.

La délégation reste dans l’enceinte de l’ambassade jusqu’au 30 avril, date du départ d’un convoi organisé vers la Thaïlande. Les délégués sont désormais, eux aussi, des « réfugiés » de la représentation diplomatique. « On ne savait pas combien de temps nous allions rester ainsi », confie Kunz.[24] Il raconte aussi que les étrangers coincés à l’ambassade se voyaient contraints de boire l’eau de condensation des climatiseurs. Ils boivent également l’eau jaunâtre du Mékong, apportée par les Khmers rouges, qu’ils filtraient avec un peu de chlore et les draps de lit des ambassadeurs. Les autorités coupent l’eau pour contraindre les derniers compatriotes ayant trouvé refuge dans l’enceinte du bâtiment à sortir. Une fois partis, « seuls » mille ressortissants étrangers restent dans l’ambassade.

André Pasquier et son équipe sont plongés dans l’incertitude la plus totale pendant plusieurs jours.

André Pasquier et son équipe sont plongés dans l’incertitude la plus totale pendant plusieurs jours. « [André] n’avait pas une minute à lui. Je le voyais toujours tourner en rond, à réfléchir, dans le jardin de l’ambassade. Il n’arrêtait pas de se demander s’il avait pris la bonne décision »[25], ajoute Peter Kunz.

Le 27 avril, les Khmers rouges confisquent tous les transistors qu’ils trouvent, restreignant ainsi la possibilité de communiquer avec Genève. Seul un transistor, emporté du Phnom et caché par Kunz, permet de continuer à faire des écoutes discrètement. C’est, par ailleurs, ce qui leur a permis d’intercepter les messages de la délégation du CICR à Bangkok et d’apprendre ainsi qu’elle avait dépêché un véhicule pour venir les chercher à Phnom Penh, nouvelle qui sera confirmée le lendemain par le consul aux commandes de l’ambassade, Jean Dyrac.

Le 30 avril, à 5 heures du matin environ, un convoi de véhicules se présente effectivement devant l’ambassade pour évacuer les étrangers. L’itinéraire, volontairement sinueux, comprend un passage par une ville déserte, une forêt puis une arrivée à la frontière, à Poïpet, séparée de la Thaïlande par une rivière qu’enjambe un pont. Les villes qu’entr’aperçoivent les passagers du convoi sont vidées de leurs habitants. La capitale elle-même, où s’est rassemblée la foule en liesse le matin du 17 avril, est déserte.

Au terme du voyage, tous les expatriés restés captifs dans l’ambassade arrivent sains et saufs en Thaïlande, dont l’entièreté de la délégation CICR. C’est un véritable soulagement pour André Pasquier, qui rentre chez lui à Genève le 10 mai.

Extraits du livre de Pascal Grellety Bosviel et de Sophie Bocquillon, Toute une vie d’humanitaire: 50 ans de terrain d’un médecin-carnettiste, édition Elytis.

Sur la première photo, assis à droite, Pascal Grellety.

 

III) Critiques et témoignage

Après la mission, le CICR face aux critiques

À Genève, la fin de la mission inspire une inquiétude supplémentaire. À son retour, le chef de délégation apprend que le journaliste allemand Christoph Maria Fröhder, qui avait déjà accueilli avec scepticisme la décision d’établir une zone neutre, s’est publiquement attaqué aux délégués du CICR. Il les accuse, entre autres choses, d’avoir « fui en panique la zone de sécurité pour [se] réfugier dans l’ambassade de France en abandonnant […] trois blessés » [26], qualifiant la situation de « scandale international ». Sa diatribe, survenue avant que l’opinion publique ne puisse prendre la mesure du drame qui vient de se dérouler à Phnom Penh, est vite démentie par André Pasquier et Pascal Grellety. Une situation délicate pour le CICR, qui finit par se résoudre peu de temps après. Un communiqué officiel [27] annonce que chaque partie reste sur sa position et clôt la discussion, en dépit des mécontentements des principaux concernés.

Article paru dans La Tribune de Genève le 14 mai 1975, aCICR B AG 063-424. « Moi, je pense qu’André a eu des nerfs solides. Il y avait quelques journalistes qui étaient plus ou moins du côté du CICR dans toute cette polémique mais ce n’était pas gagné », témoigne Kunz.

Le témoignage de Sylvie Léget sur sa mission au Cambodge

Ce ne sera qu’à partir de 1979, année qui marque la fin du gouvernement khmer rouge, que le CICR peut à nouveau mener des missions. Les Vietnamiens renversent le gouvernement en place et la république populaire du Kampuchéa est proclamée. Des luttes intestines avaient, en effet, provoqué une rupture des relations diplomatiques entre Hanoï et Phnom Penh quelques années plus tôt, en 1977. Outre l’expulsion des étrangers, les Cambodgiens cherchent rapidement refuge dans les camps en Thaïlande. En 1979, Pascal Grellety revient rebâtir une structure médicale et coordonner l’aide sanitaire dans un Cambodge à bout de souffle.

Dix années plus tard, en 1989, Sylvie Léget s’y rend également pour une mission. Cette dernière, d’une durée de cinq semaines, dont deux sur la frontière thaïlandaise, la marque durablement. « En arrivant, j’ai eu l’impression que nous étions quasiment la seule organisation humanitaire. Il y avait l’UNICEF, probablement MSF et peut-être d’autres, mais peu », explique-t-elle. Son témoignage souligne que les besoins demeurent importants et que le CICR, loin d’avoir laissé les Cambodgiens livrés à eux-mêmes, reste actif dans le pays.

Site 2, Ampil. Bureau de l’Agence de recherches du CICR, Sylvie LÉGET, 1989, référence: V-P-TH-D-00114-09. © CICR

C’était une période qui suivait celle des Khmers rouges et de l’intervention vietnamienne. Plusieurs centaines de Khmers étaient partis dans des camps côté thaïlandais. Les hostilités n’avaient pas vraiment cessé, et il y avait un retour massif des personnes déplacées. On savait qu’il y avait des demandes des médias auprès du CICR, et le CICR voulait avoir des informations de première main. Il faut dire qu’à cette époque, l’information ne circulait pas aussi rapidement qu’aujourd’hui.

J’ai eu la chance d’aller au Cambodge, puis sur la frontière thaïlandaise depuis Bangkok pour visiter des camps. C’était assez exceptionnel, car on ne peut normalement pas les visiter. J’ai eu l’occasion de travailler pour l’Agence Centrale de Recherches (ACR). J’ai accompagné une personne de la Croix-Rouge khmère dans le travail de recherche à Phnom Penh et en province. On a essayé de retrouver des membres de famille qui avaient fui lors des déplacements. C’était ma première mission de terrain. Nous avons eu la chance de retrouver deux familles et j’étais chargée de transmettre ces messages dans le camp. Ainsi, j’ai pu dire à certaines familles que leurs proches étaient vivants.

Chhouk, province de Kampot. Dans le camp de réfugiés du Site 2, une femme regardant les photos reçues de sa sœur, Sylvie LÉGET, 1989, référence: V-P-KH-D-00036-05. © CICR

Le CICR poursuit son travail et ne déroge pas aux contraintes auxquelles il est soumis, de même que tous les habitants. « Il y avait un couvre-feu assez tôt et les déplacements en province devaient être validés par les autorités », se rappelle Léget. « Ce qui m’avait frappée, à titre anecdotique, c’est que le CICR envoyait un coursier pour demander l’autorisation de se déplacer. La liberté de mouvement était restreinte, y compris pour les Khmers. »

Site 8, camp de réfugiés. Distribution de rations de riz aux réfugiés khmers, Sylvie LÉGET, 1989, référence: V-P-TH-D-00115-08. © CICR

C’était ma première mission mais je sens que cette expérience m’habite encore. Je suis à la recherche d’archives et j’essaie de comprendre ce qu’il s’est réellement passé à ce moment-là. C’est important qu’on en parle. Il y a les familles de tous ceux qui sont morts sous ce régime de terreur. Il ne faut pas oublier mais apprendre de l’histoire. Il me semble que c’est un chapitre qui n’est pas entièrement clos. C’est une tragédie qui laisse des traces et il est important d’aller au-delà des apparences, d’essayer de retrouver des traces, de commémorer et de comprendre ce dont l’humanité est capable.

Kampot. Un jeune homme blessé par une mine et amputé, Sylvie LÉGET, 1989, référence: V-P-KH-D-00037-09. © CICR

Les archives audiovisuelles du CICR regorgent de témoignages photographiques sur cette période. La discussion avec Sylvie Léget, profondément marquée par ce qu’elle a vu et photographié, ne manque pas d’aborder aussi son rôle en tant que photographe CICR.

Les archives audiovisuelles du CICR regorgent de témoignages photographiques sur cette période. La discussion avec Sylvie Léget, profondément marquée par ce qu’elle a vu et photographié, ne manque pas d’aborder aussi son rôle en tant que photographe CICR. « Le but était d’illustrer l’action humanitaire du CICR. Maintenant, est-ce que ce serait fait différemment ? Peut-être qu’on se pose plus de questions, notamment sur la position du photographe vis-à-vis de la victime. Pour moi, maintenant, il y a trop d’images, donc c’est moins intéressant car il suffit d’ouvrir le téléphone pour que l’image vous  »saute dessus ». Évidemment, à l’époque, c’était une démarche, peut-être, plus réfléchie pour celui qui regardait l’image. On prend plus le temps maintenant. Il y a une différence entre un photographe qui a une démarche professionnelle, une réflexion, une construction et quelqu’un qui sort son téléphone pour ‘’capturer’’. Il y a toute une mise en scène. À l’époque, il n’y avait pas vraiment de réflexion. Je pense même qu’il n’y avait pas de délégué lié à l’information. Si je me souviens bien, c’est au Rwanda que ça a vraiment commencé. Il n’y avait pas de délégué qui pouvait passer du temps avec les personnes qu’il photographiait. »[28]

Conclusion

Phnom Penh, délégation du CICR. Bureau de l’Agence centrale de recherches et vues des fichiers, Michèle MERCIER, février 1975, référence: V-P-KH-D-00000-03. © CICR

La tragédie de ces événements historiques a durablement marqué le Cambodge. L’impossibilité de mener un dialogue avec les Khmers rouges, l’imprévisibilité des décisions et l’incertitude de l’évolution de la situation générale ont été au cœur de la difficulté de la mission.

Aujourd’hui, le CICR continue de mener un grand nombre de missions dans le pays, notamment pour venir en aide aux personnes déplacées et, depuis les années 1990, en soutenant les victimes de mines. D’après un rapport de l’organisme de recherche Greenberg Inc., les populations locales gardent une image favorable du CICR, surtout grâce au travail de l’Agence centrale de recherche [29],ouverte en mars 1976, une ressource précieuse pour de nombreux Cambodgiens dont les proches sont portés disparus. Quant à savoir si, lors de la chute de Phnom Penh en avril 1975, l’organisation humanitaire aurait pu faire les choses autrement, Peter Kunz répond par la négative : « On ne savait pas dans quoi on s’embarquait. François Perez a quitté la délégation dans une situation de relative tranquillité. On ne se doutait pas de ce qui allait nous arriver. André a dû apprendre beaucoup de choses sur le tas et improviser ».

Sylvie Léget ajoute : « Le CICR avait, il me semble, une place centrale [dans l’histoire]. J’ai aussi écouté l’interview de Pasquier qui est très touchante. […] En avril 1975, l’ambassade de France était la seule représentation occidentale sur place. Pour moi, ce sont des héros. J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui ont décidé de rester jusqu’au bout. J’essaie aussi de comprendre ce qu’il y a eu dans l’ambassade, mais rien… On peut difficilement trouver la réponse. Plus on fouille, plus on se rend compte que la situation est complexe, car les preuves ont été effacées, cachées, modifiées… C’est très difficile de rapporter la réalité de l’époque ».

Vers des jours meilleurs, inconnu, 1973, référence V-F-CR-H-00142. © CICR

Bibliographie

BIZOT, François. Le Portail, Paris, Versilio, 2014, 382 p.

GRELLETY-BOSVIEL, Pascal et BOCQUILLON, Sophie. Toute une vie d’humanitaire, 50 ans de terrain d’un médecin-carnettiste, Bordeaux, Elytis, 2013, 240 p.

PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge : janvier-mai 1975, avril 2015, 140 p.

PONCHAUD, François. Cambodge, année zéro, Paris, Kailash, 1998, 150 p.

Archives du CICR consultées

ACICR B AG 063 – 424.03, « Extrait de la conférence de presse d’André Pasquier et du Dr Grellety portant sur les activités du CICR lors de la prise de Phnom Penh ».

ACICR B AG 063-424, article « Encore un faux débat » d’Alexandre Bruggmann paru dans La Tribune de Genève, 14 mai 1975.

ACICR B AG 063-424.02, « Red Cross refutes Cambodia criticism from Vany Walker-Leigh », The Guardian, Manchester, 13 mai 1975.

ACICR B AG 203 042.001-02, communiqué de presse No 1226 « Phnom Penh : zone sanitaire et de sécurité établie par le CICR », 16 avril 1975.

Archives audiovisuelles du CICR, « Chhouk, province de Kampot. Dans le camp de réfugiés du Site 2, une femme regardant les photos reçues de sa sœur », Sylvie LÉGET, 1989, référence : V-P-KH-D-00036-05.

Archives audiovisuelles du CICR, « Kampot. Un jeune homme blessé par une mine et amputé », Sylvie LÉGET, 1989, référence : V-P-KH-D-00037-09.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh, délégation du CICR. Bureau de l’Agence centrale de recherches et vues des fichiers », Michèle MERCIER, février 1975, référence: V-P-KH-D-00000-03.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh, hôtel Le Phnom. Rencontre entre deux délégués du CICR et un membre des forces armées du GRUNK après la chute de la capitale », François ZEN RUFFINEN, 17 avril 1975, référence: V-P-KH-D-00008-04.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh. Foule devant l’hôtel Le Phnom neutralisé par le CICR », Michèle MERCIER, février 1975, référence V-P-KH-D-00008-03.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh. Hôtel le Phnom neutralisé par le CICR », Michèle MERCIER, février 1975, référence V-P-KH-D-00008-02.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh. Scène de rue », Michèle Mercier, 1975, référence : P-KH-D-00003-01.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom Penh. Service de recherches de la Croix-Rouge khmère », Max VATERLAUS, mars 1973, référence: V-P-KH-D-00001-21.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom-Penh, siège de la délégation du CICR. Discours d’un délégué du CICR lors de la remise de dons CICR : 99 cartons de médicaments et 593 cartons de lait à la Croix-Rouge khmère », photographe inconnu, 05 avril 1973, référence : V-P-KH-E-00192.

Archives audiovisuelles du CICR, « Phnom-Penh. Réfugiés à l’ambassade de France », photographe inconnu, avril 1975, référence : V-P-KH-E-00085.

Archives audiovisuelles du CICR, « Province de Battambang, Beng-Khtum. La Princesse Neak Moneang Monique Sihanouk, présidente de la Croix-Rouge cambodgienne, distribue de secours à des personnes déplacées », photographe inconnu, 23 décembre 1968, référence: V-P-KH-E-00066.

Archives audiovisuelles du CICR, « Site 8, camp de réfugiés. Distribution de rations de riz aux réfugiés khmers », Sylvie LÉGET, 1989, référence : V-P-TH-D-00115-08.

Archives audiovisuelles du CICR, « Interviews au Cambodge », 16 février 1975, référence V-S-10265-A-13.

Archives audiovisuelles du CICR, « Mission au Cambodge », 11 février 1974, référence V-S-10053-A-03.

Archives audiovisuelles du CICR, « Site 2, Ampil. Bureau de l’Agence de recherches du CICR », Sylvie LÉGET, 1989, référence : V-P-TH-D-00114-09.

Archives audiovisuelles du CICR, « Ta Khmao, Vat Prèk Reussey. Distribution par la Croix-Rouge khmère des produits de première nécessité aux personnes déplacées », VATERLAUS, Max, mars 1973, référence : V-P-KH-E-00047.

Archives audiovisuelles du CICR, « Vers des jours meilleurs, inconnu », 1973, référence V-F-CR-H-00142.

Publications du CICR :

Comité International de la Croix-Rouge, People on War, « Country report: Cambodia. ICRC worldwide consultation on the rules of war by Greenberg Research Geneva », décembre 1999, disponible en libre accès sur le catalogue de la bibliothèque du CICR.

Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, Genève, 12 août 1949.

Entretiens :

Entretien avec Sylvie Léget, 19 février 2025.

Entretien avec Peter Kunz, 6 mars 2025.

Notes de bas de page:

[1] « Sur les vingt-quatre expatriés que compte encore la délégation après le départ des équipes médicales suisse et suédoise, quatorze décident de rester. »

PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975, avril 2015, p. 37.

[2] Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975 est également disponible en libre accès sur le site du catalogue de la bibliothèque du CICR.

[3] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge : janvier-mai 1975, avril 2015, p.4.

[4] Archives audiovisuelles du CICR, « Mission au Cambodge », 11 février 1974, référence V-S-10053-A-03, disponible à l’adresse: https://avarchives.icrc.org/Sound/6787.

[5] Archives audiovisuelles du CICR, « Interviews au Cambodge », 16 février 1975, référence V-S-10265-A-13, disponible à l’adresse: https://avarchives.icrc.org/Sound/7818.

[6] Ibid.

[7] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975, avril 2015, p. 14.

[8] Ibid., p. 31.

[9] Organe collégial ayant existé entre 1973 et 1998, chargé de la conduite générale des affaires et exerçant la haute surveillance sur l’administration du CICR. Définition tirée des Nouveaux Statuts du Comité International de la Croix-Rouge, publié dans la Revue internationale de la Croix-Rouge, no 656, août 1973, p. 483-487. Disponible à l’adresse : https://international-review.icrc.org/sites/default/files/S0035336100163439a.pdf.

[10] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975, avril 2015, p. 33.

[11] Ibid., p. 36.

[12] Interview avec Peter Kunz, jeudi 6 mars 2025.

[13] ACICR B AG 063 – 424.03, « Extrait de la conférence de presse d’André Pasquier et du Dr Grellety portant sur les activités du CICR lors de la prise de Phnom Penh ».

[14] “The Red Cross did not think that the fact that it had agreed to transmit the Long Boret Government’s offer of surrender to the Khmer rouge had affected its position, claiming that the policy of the new authorities was to expel all foreigners, including United Nations employees.”

Archives du CICR (ACICR) B AG 063-424.02, « Red Cross refutes Cambodia criticism from Vany Walker-Leigh », The Guardian, Manchester, 13 mai 1975.

[15] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975,y avril 2015, p. 53.

[16] « Dans l’ensemble, notre initiative est bien accueillie sauf par deux journalistes: Tolgraven et Fröhder. ‘’La création de cette zone dont la capacité d’accueil est limitée, est, disent-ils, une mesure qui n’a aucun sens dans une ville de deux millions d’habitants, ce d’autant plus que vous n’avez aucune garantie que les Khmers rouges la respecteront. Vous nous dites, ironise Fröhder, qu’il s’agit d’un lieu démilitarisé. Fort bien ! Alors, allez donc dire au capitaine et au soldat en uniforme et armés qui sont accoudés au bar, près de la piscine, de quitter immédiatement les lieux !’’ »

Ibid., p. 51.

[17] «Les regards sont fermés, durs. L’atmosphère se tend d’un seul coup. Aucune joie, aucun sourire, aucun triomphalisme n’illuminent leurs visages tannés, marqués par la fatigue. »

Ibid., p. 57.

[18] Entretien avec Peter Kunz, 6 mars 2025.

[19] « ARTICLE 15 . – Toute Partie au conflit pourra, soit directement, soit par l’entremise d’un Etat neutre ou d’un organisme humanitaire, proposer à la partie adverse la création, dans les régions où ont lieu des combats, de zones neutralisées destinées à mettre à l’abri des dangers des combats, sans aucune distinction, les personnes suivantes :

  1. a) les blessés et les malades, combattants ou non-combattants;
  2. b) les personnes civiles qui ne participent pas aux hostilités et qui ne se livrent à aucun travail de caractère militaire pendant leur séjour dans ces zones. »

Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, Genève, 12 août 1949.

[20] B AG 063 – 424.03, « Extrait de la conférence de presse d’André Pasquier et du Dr Grellety portant sur les activités du CICR lors de la prise de Phnom Penh », p.7.

[21] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975, avril 2015, p. 63.

[22] PONCHAUD, François. Cambodge, année zéro, Paris, Kailash, 1998, p.18.

[23] « Aucun de nos véhicules ne sera autorisé à pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade et interdiction nous est faite d’y arborer un emblème Croix-Rouge et d’y exercer une quelconque activité. Bref, nous ne serons tolérés qu’à condition que la Croix-Rouge reste à la porte. »

PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge : janvier-mai 1975, avril 2015, p.65.

[24] Entretien avec Peter Kunz, 6 mars 2025.

[25] Ibid.

[26] PASQUIER, André. Chronique commémorative de ma mission au Cambodge: janvier-mai 1975, avril 2015, p.84.

[27] « Le CICR et M. Froehder restent sur leur position concernant le déroulement des événements à Phnom Penh et considèrent la discussion close ».

ACICR B AG 063 – 424.02, Polémique avec un journaliste – « L’incident est clos », Journal de Genève, 15 mai 1975.

[28] Sur le même thème, voir Focal Point – a discussion on field photography de Lucie Parrinello à l’adresse https://avarchives.icrc.org/Film/29673.

[29] “The role of the ICRC/Red Cross. The ICRC/Red Cross is both well-known and well respected in Cambodia. Furthermore, the organization’s continuing role in helping families trace missing relatives has given it a special standing” in Comité International de la Croix-Rouge, People on War, « Country report : Cambodia. ICRC worldwide consultation on the rules of war by Greenberg Research Geneva », décembre 1999, disponible en libre accès sur le catalogue de la bibliothèque du CICR.