Le président du CICR était hier à Moscou pour une série de rencontres à haut niveau dont une avec le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov (voir le communiqué ci-dessous). Cette visite fait suite à celle réalisée la semaine passée à Kiev auprès des plus hautes autorités ukrainienne. Une mission de médiation humanitaire propre au CICR.

Cette série de visites est l’occasion de faire un peu de pédagogie sur le rôle d’intermédiaire neutre de l’organisation dans les conflits armés. Seul le CICR bénéficie de ce statut si particulier, statut confié à travers les Conventions de Genève, par les 196 Etats parties à ses textes.

Le CICR, passerelle entre les belligérants

Ainsi, au CICR a été confiée la mission exclusive de s’interposer entre les parties à un conflit pour rappeler et promouvoir auprès des Etats leurs obligations de « respecter et de faire respecter en toutes circonstances » le droit international humanitaire (article premier commun des 4 Conventions de Genève et des deux protocoles additionnels).

A ce titre, le CICR est toujours à disposition pour faciliter la mise en œuvre du droit et la mise en place d’accords strictement humanitaires entre les parties aux conflits en faveur de la protection de la population civile.

Le CICR, nommément cité dans les Conventions de Genève auxquels sont aujourd’hui parties 196 Etats : « (…) Un organisme humanitaire impartial, tel que le Comité international de la Croix-Rouge, pourra offrir ses services aux Parties au conflit. (…) dans l’Article III.

De Kiev à Moscou

C’est dans ce cadre que le président du CICR, Peter Maurer a effectué une visite à Kiev suivie immédiatement d’un déplacement à Moscou.

Inter Arma Caritas, la charité entre les armes.

La devise historique de la neutralité du CICR demeure toujours d’actualité et quelque soit le conflit armé. Sa capacité de négociation au plus près des combats avec les belligérants jusqu’au plus haut niveau des autorités concernées doit être comprise et préservée.

CICR – Communiqué de presse

24 mars 2022

Le président du CICR conclut une visite en Russie, où il s’est entretenu de questions humanitaires liées aux conflits armés

Moscou (CICR) – Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a achevé une visite de deux jours à Moscou, où il a poursuivi les discussions engagées avec les autorités russes sur des sujets humanitaires. En sa qualité d’acteur humanitaire neutre et impartial, le CICR a pour mandat d’établir un dialogue avec toutes les parties à un conflit afin de promouvoir le respect du droit international humanitaire, ou droit des conflits armés, de protéger la population civile et de faire en sorte que l’aide puisse parvenir à ceux qui en ont le plus besoin.

Au cours de sa visite, M. Maurer a rencontré Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères, et le colonel-général Alexander Fomin, vice-ministre de la Défense. Il s’est également entretenu avec Pavel Savchuk, président de la Société de la Croix-Rouge russe, et Tatiana Moskalkova, commissaire aux droits humains pour la Fédération de Russie.

« Ces échanges avec les autorités russes s’inscrivent dans le cadre du dialogue bilatéral suivi que le CICR entretient avec la Russie concernant les besoins humanitaires et le droit international humanitaire. La semaine dernière, j’étais à Kiev, et cette semaine, à Moscou ; je me suis également rendu à plusieurs reprises dans la région du Donbass. Nous sommes en contact avec toutes les parties dans le même but : sauver des vies et réduire les souffrances dans les conflits armés, a déclaré M. Maurer. Vu l’immensité des besoins, le CICR s’emploie à renforcer au plus vite ses activités humanitaires en faveur de toutes les personnes touchées par le conflit en Ukraine. »

Les entretiens ont porté sur le conflit armé en Ukraine, mais aussi sur des questions humanitaires liées à la Syrie. S’agissant de l’Ukraine, les discussions se sont focalisées sur des préoccupations humanitaires pressantes, et plus particulièrement sur les aspects suivants.

Un passage sûr : M. Maurer a souligné que les parties doivent permettre aux civils de quitter facilement les villes où des combats ont lieu et rappelé la nécessité d’autoriser l’acheminement de secours humanitaires jusqu’à celles-ci. Le CICR appelle instamment les parties à conclure davantage d’accords pour que les populations puissent fuir les violences en toute sécurité, en veillant à se concerter sur les conditions précises dans lesquelles ces passages doivent avoir lieu, notamment l’heure de début et la durée des cessez-le-feu, ainsi que les lieux concernés.

La protection des civils et des infrastructures civiles : Le CICR s’inquiète des souffrances infligées aux civils exposés à des violences dévastatrices. Où qu’elles se trouvent, les personnes civiles et celles qui ne participent plus directement aux hostilités demeurent protégées par le droit international humanitaire. Tous les biens et les infrastructures de caractère civil, notamment les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’approvisionnement en eau et les infrastructures électriques, doivent être protégés contre les attaques. Les principes de proportionnalité, de distinction et de précaution doivent être respectés et mis en application au cours des opérations militaires afin d’épargner la population civile dans toute la mesure du possible.

Les prisonniers de guerre, les internés civils et les personnes portées disparues : Le droit du CICR de visiter les prisonniers de guerre et les internés civils constitue un aspect essentiel des obligations qui incombent aux parties concernant la protection des civils et des personnes ne prenant plus part aux combats. Le rapatriement et le traitement digne des défunts, quel que soit le camp auquel ils appartiennent, revêt une importance vitale, tout comme la nécessité pour les familles de connaître le sort de leurs proches et l’endroit où ils se trouvent. Toutes les parties au conflit armé sont tenues de faciliter cette activité humanitaire essentielle, qui bénéficie à chacune d’entre elles.

L’intensification des activités d’assistance du CICR : Ces dernières semaines, le CICR a acheminé plus de 300 tonnes d’aide dans le pays, où des camions se chargent de transporter les fournitures médicales et les secours à destination, par exemple des kits pour blessés de guerre destinés aux hôpitaux d’Odessa et des produits d’hygiène et de première nécessité pour les personnes déplacées à Vinnytsia et Dnipro. Dans les villes de Lysychansk et de Severodonetsk, 2,5 tonnes de vivres et d’articles d’hygiène ont été donnés à des abris locaux. Dans la région du Donbass, le CICR a aidé plus d’un million de personnes à accéder à l’eau potable et a soutenu plus de 140 structures médicales depuis 2014. La semaine dernière, à Donetsk, le CICR a distribué des matériaux pour aider à réparer cinq centres de santé ainsi que des maisons endommagées.