Quand Fatima n’était encore qu’une enfant, ses parents décident de se mettre en quête d’une vie meilleure loin du Nicaragua. Le père de famille, d’origine panaméenne choisit alors de retourner dans son pays d’origine afin d’y trouver un travail, puis d’y faire venir sa famille. Problème, la mère de famille, qui s’appelle également Fatima, perd rapidement contact avec son mari.

Au fil des saisons, puis des années, les deux Fatima sont sans nouvelle de ce père et de ce mari, davantage associé à l’absence qu’au bonheur des moments familiaux partagés. Elles sont également sans nouvelle de la belle-mère qui – coup du sort – a changé de numéro de téléphone.

Après plusieurs années, elles découvrent que s’il ne les contacte pas, c’est parce qu’il est détenu dans une prison panaméenne. C’est alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) entre en jeu.

Les prisonniers de guerre et les internés civils sont protégés par les Conventions de Genève qui octroient au CICR le droit de les visiter, pour s’assurer qu’ils sont traités avec dignité. Lors des visites en détention, le CICR peut aussi recevoir ou transmettre des Messages Croix-Rouge (MCR). Ce sont des messages papier à caractère familial qui ont pour but de permettre aux détenus de reprendre contact ou de maintenir le contact avec le monde l’extérieur.

Parmi les bénéficiaires de ce service, le père et mari des deux Fatima. Après huit ans d’absence totale de nouvelles, la Croix-Rouge réussit à remettre la mère, la fille, le père et la belle-famille en contact. Dans cette vidéo, elles témoignent de l’expérience hors de commun qu’elles ont vécue pendant huit années :

Partout sur la planète les fameux Messages Croix-Rouge circulent ; ici pour permettre à des détenus d’avoir des nouvelles de l’extérieur (nouvelles à caractère strictement familial, car chaque message passe à la censure des autorités carcérales) ; là entre membres d’une même famille dans l’impossibilité de se retrouver car séparés par une ligne de front.

Le verso du message est proposé à l’émetteur, le recto au récepteur. Entre les deux le CICR faisant le facteur, la navette.

Bon an mal an, le CICR, souvent soutenu dans cette tâche par les sociétés nationales de Croix-Rouge et de Croissant-Rouge gère environ 300 000 messages papier. En 2018, il a collecté 147 488 MCR et distribué 137 210 autres. Le MCR est souvent pour les détenus le seul lien, ténu, avec le monde extérieur.

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