“La Croix-Rouge” a un côté atavique. Tout le monde pense la connaître. Pensez, en 160 d’existence ! Pourtant, entre les sociétés nationales de Croix-Rouge ou de Croissant-Rouge, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (pour le temps de paix) et le CICR (pour le temps de guerre), un Dunant ne retrouverait pas ses Moynier…

Ainsi, s’agissant de la Croix-Rouge du temps de guerre, le CICR, voici quelques fondamentaux. C’est succint, forcément incomplet, mais espérons-le, utile.

Quel est le statut du CICR ?

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), né en 1863, est une organisation de droit privé suisse qui dispose d’un mandat exclusif confié par les Etats à travers les Conventions de Genève. Celles-ci, signées par 196 Etats, protègent en toutes circonstances ceux qui ne se battent pas, c’est-à-dire, les civils et ceux qui ne prennent plus part aux hostilités : les combattants blessés ou capturés.

Un statut si différent de celui d’autres organisations humanitaires ?

Oui, car l’objet social du CICR, si l’on peut dire, se fonde sur le droit international humanitaire. Il est nommément cité dans les Conventions de Genève (article 10) et se définit comme intermédiaire neutre dans les conflits armés. Outre le principe de neutralité, deux autres déterminent son action : l’impartialité (il n’y a pas de bonne ou de mauvaise victime) et l’indépendance (de toutes organisations politiques – ses objectifs sont strictement humanitaires). On peut y ajouter le principe faîtier d’Humanité, décrit par Henry Dunant lui-même dans le livre fondateur « Un souvenir de Solferino ». En substance : lorsqu’un soldat est blessé, il n’appartient plus à l’un des deux camps, il est remis entre les mains de l’Humanité. Il doit donc être protégé et soigné.

Pourquoi le CICR est-il lié aux Conventions de Genève ?

Parce que le CICR est à l’origine du droit international humanitaire. Il fut, à partir de 1864, et reste le rédacteur et garant des Conventions de Genève. L’Etat suisse en est le dépositaire.

Quelles sont les missions de protection exclusives du CICR ?

Découlant du statut octroyé par les Conventions de Genève, le CICR veille à « la protection » des victimes des conflits armés et à ce titre effectue, par exemple :

  • la visite et le suivi des détenus pour s’assurer de leur traitement conformément aux règles définies dans les Conventions.
  • la recherche des personnes portées disparues à la demande des familles.
  • les libérations et/ou rapatriements de prisonniers.
  • la diffusion du droit international humanitaire.

A ces missions, s’ajoute tout le travail réalisé au quotidien par les juristes du CICR pour aider les Etats à la mise en oeuvre du droit international humanitaire. Par exemple : la transposition en droit interne des Conventions de Genève.

Et les autres missions du CICR ?

Elles se regroupent sous le titre général d’« assistance » et sont comparables à celles développées par les ONG ou certaines agences humanitaires des Nations unies. On pense notamment aux activités relatives à l’assainissement de l’eau, à la distribution de biens essentiels à la survie des populations, ainsi qu’à l’assistance médciale.

Qu’est-ce qui différencie encore le CICR des autres organisations humanitaires ?

Son financement. Le budget du CICR est en gros de 2 milliards d’euros, essentiellement constitués de contributions volontaires d’Etats parties aux Conventions de Genève (plus de 90%). Ceci a une incidence tant sur la culture de l’institution que sur ses opérations. Elle peut ainsi se permettre de moins communiquer sur ses actions que les ONG (dont la visibilité est déterminante pour lever des fonds auprès du grand public).

A cela s’ajoute la confidentialité. Celle-ci n’est pas une posture mais un sésame, un outil de travail qui permet, par exemple, au CICR de passer des lignes de front ou de visiter des détenus. « Le CICR parle de ce qu’il fait et pas de ce qu’il voit ».

Côté personnel, le CICR n’emploie que des professionnels (environ 18 000), le différenciant d’autres entités du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dont les forces vives demeurent bénévoles.