Avez-vous lu « un souvenir de Solférino » ? Non ? Vous devriez. La plume est alerte et habile et le propos à l’origine de l’action et du droit international humanitaires. Il peut être considéré comme le premier grand reportage de guerre avec pour angle, non la bataille, mais ses conséquences. En ce 160ème anniversaire du CICR, plongez dans le Solférino de Dunant, vous n’en reviendrez pas.

Une bataille est à l’origine de la création de la Croix-Rouge et du droit international humanitaire. Tout le monde a en tête l’image mythifiée de l’homme de 31 ans habillé de blanc errant, impuissant, sur le champ de bataille de Solférino au lendemain du 24 juin 1859. Le jeune Genevois, un peu là par hasard, tente de consoler les soldats blessés, Français, Sardes, Autrichiens abandonnés sans soins la plaine italienne. Dunant, au cri de « Tutti Fratelli », mobilise les paysans piémontais du village de Castiglione, improvise des secours, organise sur des brancards de fortune le ramassage des moribonds, destination l’église devenue hôpital de campagne. Voici pour l’Image d’Epinal.

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A l’origine, le traumatisme de Dunant

« Un souvenir de Solférino », le récit traumatique que fait Henry Dunant de ce dont il fut le témoin paraît en 1862. Un an plus tard, cinq Genevois, dont Dunant, s’associent pour créer une organisation chargée de la mise en œuvre des deux idées esquissées dans le « Souvenir » :

  • La création de sociétés de secours volontaires pour renforcer les moyens des services de santé des armées en campagne.
  • La proposition faite aux Etats de règles internationalement reconnues permettant d’améliorer le sort du soldat blessé en campagne.

Les ferments de l’action et du droit international humanitaires

« Le Souvenir de Solférino » porte en lui tous les ferments de l’action et du droit international humanitaires. Les Croix-Rouge et Croissant-Rouge d’un côté, les Conventions de Genève de l’autre – Aujourd’hui, ces pactes et leurs protocoles additionnels protègent toutes les victimes des conflits armés, des combattants blessés ou capturés aux personnes ne prenant pas part aux hostilités.

La guerre ? « Juste du sang, du sang, encore du sang, du sang partout ! »

Cette saga extraordinaire commencée en 1863 demeure le fruit d’une indignation, d’un appel désespéré à l’humanité. « Le Souvenir de Solférino » est un ouvrage remarquablement habile. Il invite sans coup férir le lecteur à s’abimer dans le réel de la bataille. Ici, point d’héroïsme, point d’hagiographie à la gloire des faiseurs de guerre. Juste des tripes, des moignons, des sanies, des râles, du sang et des larmes. Un des célèbres pamphlets de Dunant écrit de vieillesse, l’Avenir sanglant, se conclut par cette phrase : « Le résumé reste ceci : du sang, du sang, encore du sang, du sang partout ! »

Voici qui donne envie d’espérer : Dunant partout !