« Nos recherches révèlent ce que nous appelons un ‘mur invisible’ qui a empêché les migrants – en particulier ceux sans papiers ou en situation irrégulière – d’accéder aux services de base. » explique Jagan Chapagain, Secrétaire général de l’IFRC.
« Il est intéressant de noter que ce mur n’est pas construit principalement par des politiques visant à exclure les migrants. Il est plutôt constitué d’exclusions involontaires, ainsi que des conséquences involontaires des efforts déployés pour contenir et contrôler la pandémie ».
Le rapport intitulé « Confinés et exclus ? » se fonde sur une étude menée par les Croix-Rouge et Croissant-Rouge en Australie, Colombie, Égypte, Éthiopie, Philippines, Soudan, Suède et au Royaume-Uni. Des situations bien entendu diverses en fonction des pays. Le public, lui, reste le même, une définition large du « migrant », qu’il soit résident, travailleur temporaire ou sans-papiers, comme réfugié.
Retrouvez un extrait du rapport en français ici et l’intégralité du rapport en anglais ici
Travailleurs pauvres, en première ligne
Le rapport souligne combien les migrants ont souvent été des travailleurs de la première ligne – dans les commerces alimentaires, la santé, la logistique et l’approvisionnement – mais aussi dans les secteurs fortement touchés par les mesures restrictives – la restauration, l’hôtellerie et l’industrie notamment. Nombre de migrants ayant perdu leur emploi se sont retrouvés exclus des mesures de soutien socio-économiques à cause leur statut, ou face à un manque de clarté concernant leurs droits.
Accès limité aux services essentiels
Un cercle vicieux s’enclenche alors : la perte de revenus les précarise encore plus, dans leur accès à un logement digne, à une alimentation correcte et à certains soins de santé payants, et fragilise in fine leur santé physique comme mentale.
Le rapport souligne par ailleurs que les migrants seraient plus susceptibles de contracter le virus, notamment lorsqu’ils n’ont pas été pris en compte dans les campagnes de prévention et de dépistage. Parfois, les migrants n’ont pas pu accéder au test ou au traitement contre le Covid-19 parce qu’ils n’ont pas de numéros d’identité nationale ou de numéro de sécurité sociale.
Le manque d’informations disponibles dans leurs langues est une des failles repérées, notamment à l’intention des personnes illettrées, n’ayant pas recours aux réseaux sociaux pour s’informer. Certains également ont hésité à consulter un médecin, à se faire soigner ou, plus récemment, à s’inscrire pour se faire vacciner par crainte de divulguer des informations privées qui pourraient être communiquées aux autorités d’immigration.
Quelques recommandations
Si le rapport salue certaines mesures de rectification prises, comme l’amélioration de l’accès à la santé ou encore les assouplissements du respect des visas, il appelle les gouvernements à continuer à renforcer le soutien social-économique, l’accès aux services de base, dont celui du logement. Il s’inquiète également de leur prise en compte dans les campagnes de vaccination : « les migrants sont également exposés au risque de stigmatisation et de discrimination accrues et d’être laissés pour compte dans le déploiement des vaccins contre le Covid-19, générant de ce fait des problèmes de santé individuelle et publique. »
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