Depuis plusieurs années, le CICR, fort de décennies d’expérience dans la recherche des personnes portées disparues dans les conflits armés, transpose son savoir-faire à d’autres types de contexte. Au Brésil, depuis 2013, par exemple.

79 275 cas de disparitions enregistrés en 2019, ce sont les derniers chiffres compilés par le Forum brésilien de la sécurité publique (FBSP), à la demande du CICR. « Disposer d’informations à jour est essentiel pour avoir une image réelle de ce grave problème humanitaire, pour agir et pour apporter des réponses », déclare la cheffe de la délégation du CICR au Brésil, Simone Casabianca-Aeschlimann. Ces chiffres n’indiquent malheureusement pas l’ampleur du problème : toutes les disparitions ne sont pas signalées, comme le nombre de cas de personnes qui ont été retrouvées, mortes ou vivantes.

Appel à la création d’un mécanisme national pour les disparus et leur famille

C’est pourquoi l’une des recommandations du CICR est de mettre en place un mécanisme national, participatif, qui se concentrera sur la recherche et la localisation des personnes, ainsi que sur l’identification des personnes décédées. « Nous voulons aussi aider à construire des ponts ici au Brésil. Nous savons qu’il existe de nombreuses initiatives intéressantes, de nombreuses personnes qualifiées et sensibilisées au sujet. » souligne Larissa Leite, cheffe du programme des personnes disparues de la délégation du CICR. « Nous savons qu’il y a des milliers de proches des disparus et de nombreux groupes organisés. Mais nous remarquons qu’ils ne sont pas très connectés, ils sont comme des pièces individuelles d’un puzzle ».

Les disparus du temps du régime militaire

Le travail actuel du CICR prolonge celui mené pour identifier les disparus d’une autre époque, celle du régime militaire (1964-1985). A partir de 2013, les autorités brésiliennes ont sollicité l’aide technique du CICR sur ce dossier. Des efforts étaient alors déployés pour identifier des personnes enterrées dans la ville de São Paulo, dans ce qui est devenu connu sous le nom du dossier « Vala de Perus ». Le CICR a alors dispensé une formation en anthropologie médico-légale mais s’est également intéressé aux conséquences pyscho-sociales de ces disparitions. En 2016, l’institution a réalisé une évaluation des besoins des familles de personnes disparues sous le régime militaire, en se concentrant sur celles liées au dossier « Vala de Perus ».

Le résultat de ce travail a révélé les plus fortes attentes des familles : le besoin de savoir ce qui est arrivé à leurs proches pour 62% d’entre elles, et l’identification et la récupération de leur dépouille pour 57% d’entre elles. La nécessité d’une reconnaissance publique de la responsabilité de l’État dans les disparitions a également été citée par 52% des répondants.

Rio de Janeiro. Portrait de David (1er à gauche) qui a disparu en mars 1974 avec un ami. Maria Augusta espère depuis quatre décennies avoir des informations sur son mari.

Les disparus d’aujourd’hui

Depuis, le CICR a élargi son travail aux disparitions contemporaines. Cette démarche est associée à une problématique plus vaste, celle des conséquences de la violence dans les zones urbaines, en particulier pour les services de base tels que la santé et l’éducation. En partenariat avec le ministère public de São Paulo, le CICR cherche désormais à affiner la recherche sur les disparitions contemporaines, afin de mieux comprendre les profils des personnes portées disparues, les circonstances de leur disparition, ainsi que les actions entreprises pour les rechercher.

Le CICR accompagne également des groupes de familles de disparus et collabore avec les autorités nationales et étatiques du Ceará, de Rio de Janeiro et de São Paulo. L’institution partage ses recommandations et connaissances techniques, afin de favoriser des politiques qui améliorent la recherche et soutiennent les familles éprouvées.

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