Malgré la protection que leur confère le droit international humanitaire (DIH), les enfants restent particulièrement vulnérables en période de conflit armé. Qu’ils soient victimes de mines antipersonnel, séparés de leur famille ou recrutés en tant qu’enfants-combattants, tous endurent les affres du désespoir.

Dans cet article, nous souhaitons donner la parole aux enfants victimes des horreurs de la guerre pour que leurs voix puissent être entendues. Chaque épisode se base sur un film ou une vidéo accessible sur le portail Archives audiovisuelles du CICR et raconte une histoire vécue par un enfant (de son point de vue, écrite à la première personne du singulier) en période de conflit.


Épisode 1 : Nejmeh – Liban (2015)

« Arrivée ici en tant que réfugiée syrienne, je fais depuis deux ans la classe aux enfants qui vivent comme moi dans ce camp situé à Ketermaya, au Liban. Je leur enseigne les sciences, les mathématiques, l’anglais et d’autres domaines. J’adapte mes cours en fonction de ce qu’ils connaissent. Pour preuve, il y a à peine quelques minutes, vous avez pu nous voir réciter tous en cœur l’alphabet ! J’aimerais pouvoir leur donner des leçons écrites. Malheureusement, ici, nous n’avons ni cahiers, ni crayons. De plus, depuis que notre tente a été abîmée par la pluie, nous nous retrouvons tous les jours en extérieur, ce qui est loin d’être idéal. J’aime enseigner parce que Dieu récompense ceux qui le font. Même lorsque je ne me sens pas bien comme aujourd’hui, je décide de passer outre la douleur afin que les enfants puissent oublier leurs problèmes et ne pas penser aux proches qu’ils ont perdus. Mon nom est Nejmeh, j’ai quatorze ans et ici, on m’appelle “la petite fille qui enseigne” ».

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Une adolescente syrienne fait la classe à des enfants réfugiés au Liban

Et retrouvez d’autres histoires similaires à celle vécue par Nejmeh, car cela fait un siècle que nos archives filmées documentent l’action humanitaire que le CICR mène partout dans le monde.

Ainsi, pendant que les jeunes du camp libanais continuent de s’entraîner aux exercices mentaux, les enfants réfugiés russes du gymnase de Tophane, dans la périphérie de Constantinople, n’oublient pas non plus l’importance d’une bonne condition physique, comme le montre ce film datant de 1921 : Les réfugiés russes de Constantinople [Gymnase russe de Top-Hané]


Une adolescente syrienne fait la classe à des enfants réfugiés au Liban ; © CICR ; Inconnu ; 2015 ; V-F-CR-F-01770-A.

 

Épisode 2 : Omer – Pakistan (1988)

« Mon Dieu ! J’ai déjà passé tant de temps dans cet hôpital pour blessés de guerre afghans. Je me suis retrouvé ici après avoir marché sur une mine, en cherchant à retourner dans mon village natal avec mon père. Depuis l’opération, plein d’hommes en blanc viennent me voir et me posent des questions. Lorsque l’on change le bandage de ma jambe droite, cela me fait tellement mal mais je me retiens de pleurer, pour ne pas que les autres se moquent de moi. Il y a aussi de drôles de machines ici, des qui montrent l’intérieur du corps. Sur une photo, on m’a dit qu’on pouvait voir ce qui restait de ma jambe mais elle était si sombre… je n’ai pas dû bien regarder. Certains jours, je revis ce que j’ai vu et entendu dans mon village, c’est pour ça que sur mes dessins, il y a des morts par terre et du feu partout. Plus jeune, on nous disait que là où coule le sang des martyrs fleuriront des tulipes. Comme elles doivent être tristes, ces tulipes. Bientôt, je pourrai à nouveau marcher sans béquilles et comme ça, j’aurai moins mal aux mains et aux bras. Je pourrai alors rentrer chez moi… Chez moi, dans ce camp de réfugiés près de la frontière. Mon nom est Omer Khan, j’ai treize ans et je vis ici parce que la guerre m’a chassé de chez moi. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : L’histoire d’Omer Khan

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L’histoire d’Omer Khan ; © CICR ; WINIGER, Edouard ; 1988 ; V-F-CR-H-00169.

 

Épisode 3 : Daniel – Philippines (2017)

« Il y a trois ans, mes parents ont été emprisonnés à Samar, aux Philippines. J’avais à peine trois mois à ce moment-là, on m’a donc placé sous la garde de mon oncle, Leo. Puisque nous n’avons jamais eu la possibilité de leur rendre visite, c’est par téléphone que nous avons pris pour habitude de « parler ». Pour tout dire, la première fois que j’ai entendu la voix de maman, je n’ai été capable de lui répondre qu’à travers des babillages, ce qui l’a fait pleurer. Depuis, je m’entraîne chaque jour très fort avec Leo pour exprimer avec des mots ce que j’ai sur le cœur. Heureusement, aujourd’hui, le CICR a été en mesure d’organiser une visite pour nous deux. Je pense que tout le monde redoute un peu cette rencontre mais une fois dans leurs bras, tout de blanc vêtu, ce sera comme si on ne s’était jamais quittés. Mon nom est Daniel, j’ai trois ans et dans l’attente de pouvoir exercer un peu plus mon philippin à l’école, je vais laisser mes parents et Leo vous conter mon histoire. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Philippines : detained couple reunited with child after three years

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En plus d’organiser des visites familiales, notre institution a également pour mandat de prévenir les abus sur les détenus et d’améliorer leurs conditions de détention. Ce sont ces visites de prisonniers qui sont documentées dans le film de 1978, « Prisonniers et détenus »


Philippines : detained couple reunited with child after three years ; © CICR ; Inconnu ; 2017 ; V-F-CR-F-02236.

 

Épisode 4 : Abraham (1998)

« Dans la brousse, j’ai été formé au combat. Et c’est aussi là-bas que je suis devenu un homme. J’ai commencé à me battre à l’âge de sept ans, après avoir perdu mon père, ma mère et ma sœur. Celui qui les a assassinés ce jour-là, je l’ai retrouvé et je l’ai tué à mon tour. Puis je me suis enfui dans la brousse où j’ai pu rejoindre un groupe de combattants. Notre commandant, le colonel Mother Blessing m’a donné un nom de guerre : Hitler Killer. Je ne sais pas ce que cela signifie mais je sais que ce nom lui plaît beaucoup. Quand il a vu comment je me débrouillais, il m’a immédiatement donné une arme Beretta… ma « petite sœur » Beretta comme je l’appelle. Dans l’escadron de la mort, on est plus de 170 à être âgés entre neuf et douze ans. On est toujours en première ligne, car on a peur de rien. De cette façon, lorsque le colonel nous dit de faire quelque chose, on peut s’exécuter sur-le-champ. Il a confiance en nous, ses « petits soldats », bien plus qu’avec les plus grands. Moi, j’ai déjà tué des gens, dix à peu près… Ici, on m’a appris que si tu vois des méchants autour de toi, il faut te battre. Et s’ils viennent pour te tuer, tu peux les abattre. Mon vrai nom est Abraham, j’ai onze ans et si j’ai grandi si vite, c’est qu’on ne m’a pas vraiment laissé le choix. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : L’exploitation de la violence : les enfants soldats – La violence de l’exploitation : les enfants au travail

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Promouvoir le respect du droit international humanitaire en condamnant la violence excessive dans les zones de conflit… C’est ce que réussit à accomplir « Plaidoyer pour l’humanité », une production de 1984.


L’exploitation de la violence : les enfants soldats – La violence de l’exploitation : les enfants au travail ; © CICR, UNICEF ; MOUCHET, Louis ; 1998 ; V-F-CR-F-00492.

 

Épisode 5 : Doaa – Gaza (2016)

« Un jour, sur le chemin de l’école, j’ai trouvé un objet qui ressemblait à une poupée et je l’ai ramené à la maison. Même s’il était aussi lourd qu’une pierre, j’ai voulu jouer avec. Alors que je le tenais dans ma main droite, mon frère a entendu le bruit d’une explosion. Il m’a immédiatement emmenée à l’hôpital où j’ai subi plusieurs interventions chirurgicales. De retour à la maison, j’ai dû apprendre à écrire de la main gauche, ce qui n’a pas été facile. Depuis l’accident, quand nous recevons des invités, je pars me cacher dans ma chambre. Et les rares fois où je sors, je couvre toujours ma main avec de la bande blanche. Heureusement, le CICR a informé ma famille que le centre orthopédique de la ville de Gaza allait pouvoir me fournir une prothèse adaptée. Mon nom est Doaa, j’ai onze ans et je me réjouis à l’idée de pouvoir à nouveau vernir les ongles de mes deux mains. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Bande de Gaza : retrouver l’innocence de l’enfance

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Pour des raisons budgétaires et d’entretien à long terme, la fabrication de prothèses et d’orthèses se doit de toujours prendre en compte les besoins et les moyens de chacun, comme expliqué dans « Ils marchent à nouveau », une production de 1986.


Bande de Gaza : retrouver l’innocence de l’enfance ; © CICR ; SERRANO REDONDO, Jesus Andres ; ABU GHOSH, Fattoum ; 2016 ; V-F-CR-F-01606.

 

Épisode 6 : Jacqueline – Rwanda (2000)

« C’est officiel, on s’en va aujourd’hui ! Mon petit frère et moi, on fait partie des vingt enfants rwandais non accompagnés qui s’apprêtent à retrouver leurs proches. Au centre « Don Bosco », à Goma, des collaborateurs du CICR en profitent pour nous donner des nouvelles de notre grand frère. Depuis la mort de nos parents, il y a quatre ans, il est devenu le chef de la famille. Un baluchon à la main, on embarque dans le véhicule avec une croix rouge sur le capot. Autour de nous, les autres enfants chantent pour rendre la séparation moins difficile. Un dernier regard… un dernier « au revoir »… et le convoi démarre. Après plusieurs années d’absences, cela fait tout drôle d’être finalement de retour au pays. Bien que le voyage dure quatre heures, je ne me lasse pas d’admirer le paysage. C’est en toute fin de journée que l’on arrive devant la petite maison familiale, là où Ntaganda nous attend. Même s’il y a beaucoup de retenus dans mes gestes, mes yeux pétillent de joie. Alors que je m’apprête à lui serrer la main, mon grand frère fait un pas de plus dans ma direction et me prend dans ses bras. Mon nom est Jacqueline, j’ai seize ans et de retour à la maison, au calme, nous réapprenons tout doucement à nous connaître. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Goma et Kigali : le retour des enfants non accompagnés

Et retrouvez d’autres histoires similaires à celle vécue par Jacqueline, car cela fait un siècle que nos archives filmées documentent l’action humanitaire que le CICR mène partout dans le monde.

En 1984, entre le Cambodge et la Thaïlande, ce sont d’autres « oubliés de la frontière » qui cherchent à rétablir des liens familiaux à la suite de l’afflux massif de populations cinq ans plus tôt : Les oubliés de la frontière : aspects de l’action du CICR sur la frontière thai-cambodgienne en 1984


Goma et Kigali : le retour des enfants non accompagnés ; © CICR ; MONTAVON, Henri ; 2000 ; V-F-CR-F-00628-B.

 

Épisode 7 : Yousra – Syrie (2016)

« Elle et moi, nous nous connaissons depuis toujours. Ce n’est pas si surprenant puisqu’à peu de choses près, nous avons le même âge. C’est cette proximité qui nous a sans doute amenées à bâtir cette relation solide et durable. Aujourd’hui, je peine à imaginer ma vie sans elle. Pourtant, lorsqu’elle est arrivée à Alep, elle a rendu beaucoup de gens tristes autour de moi. On m’a raconté qu’au début, ma famille a même cherché à la fuir, en vain. Mais moi et mes amis Esra, Ramez et Yusef, nous n’avons jamais arrêté de nous amuser. Cet après-midi, il y a même une caméra qui est venue spécialement pour la filmer, nous en profitons donc pour rire, courir et grimacer avec elle. Il faut dire qu’elle attire les regards du monde entier mais pour une raison qui m’échappe encore, personne ne nous envie. Mon nom est Yousra, j’ai six ans et la guerre et moi sommes inséparables depuis aussi loin que je m’en rappelle. »

Redécouvrez cette histoire dans nos archives : Yousra et ses amis jouant dans Alep

Et retrouvez d’autres histoires similaires à celle vécue par Yousra, car cela fait un siècle que nos archives filmées documentent l’action humanitaire que le CICR mène partout dans le monde.

Dans ce montage d’images datant des années 1950, les dégâts causés par la guerre y sont présentés sans filtre et affectent toutes les populations : Divers conflits des années 1950 : images de sources diverses [Aide à la Croix-Rouge]


Yousra et ses amis jouant dans Alep ; © CICR ; NICHOLAS, Christopher ; TARABISHI, Sana ; 2016 ; V-F-CR-F-01666-B.

 

Épisode 8 : Éthiopie (1985)

« À mon arrivée au centre, on m’a donné un bracelet sur lequel étaient inscrits un numéro d’identification, ma taille et mon degré de malnutrition. Depuis, je viens ici tous les jours, car il s’agit d’une condition nécessaire pour que j’aille mieux. On dit qu’un enfant mal nourri est souvent un enfant qui n’a pas d’appétit, c’est pourquoi maman reste patiente et concentrée pendant mes repas. Elle utilise une cuillère et du lait enrichi pour me nourrir correctement. Eh oui ! Les biberons sont interdits ici, ce qui nous rend, moi et les autres enfants, inconsolables. Mais puisque mon état va déjà en s’améliorant, on m’introduit aussi gentiment aux céréales et légumineuses et d’une manière générale, je remarque que la nourriture que je peux goûter avec mes doigts a toujours un meilleur goût. Pour autant, ce n’est qu’une fois que j’aurai repris suffisamment de forces que je pourrai quitter le centre pour de bon. D’ici là, mon nom reste un identifiant à quatre chiffres, mon poids et ma taille importent tout autant que mon âge et à ma sortie, il sera impératif que j’aie accès aux aliments essentiels à ma survie. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Un centre de réhabilitation nutritionnelle en Ethiopie

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Tourné en 1968 au Nigéria, c’est au travers d’images tout aussi déchirantes que le film « Biafra » montre la dure réalité d’un dispensaire pour blessés, grands brûlés et enfants souffrant de malnutrition grave.


Un centre de réhabilitation nutritionnelle en Ethiopie ; © CICR ; BASTIAN, Jean ; 1985 ; V-F-CR-F-00007.

 

Épisode 9 : María – Colombie (2015)

« À Medellín, le danger est permanent, que ce soit au parc, sur le chemin de l’école ou même à la maison. C’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre les « brigades éducatives ». Notre but est de faire évoluer les mentalités et d’offrir une alternative à la violence. Avec l’aide du CICR et de la Croix-Rouge colombienne, nous formons dans les écoles les plus jeunes aux valeurs fondamentales comme le respect, la tolérance et la solidarité. En ce moment, par exemple, le professeur Rafael apprend à une classe les bons gestes à adopter lors d’une fusillade. Même si certains élèves sont moins réceptifs que d’autres, je trouve très beau de pouvoir apporter son aide au plus grand nombre. Mon nom est María, j’ai seize ans et pour lutter contre la violence, j’enseigne aux jeunes comme moi l’importance de la communication à travers le dialogue. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Colombie : les brigades éducatives, une alternative à la violence

Et retrouvez d’autres histoires similaires à celle vécue par María, car cela fait un siècle que nos archives filmées documentent l’action humanitaire que le CICR mène partout dans le monde.

Afin d’illustrer les règles essentielles du droit international humanitaire (DIH), c’est dans un décor bien plus abstrait que des enfants « jouent à la guerre » dans « Pax », un film produit en 1973.


Colombie : les brigades éducatives, une alternative à la violence ; © CICR ; REVOL, Didier ; 2015 ; V-F-CR-F-01312-D.

 

Épisode 10 : Tihomir – Bosnie-Herzégovine (1997)

« Le jour de l’accident, moi et mes amis, nous étions allés nager. Sur le chemin du retour, nous nous sommes aventurés un peu plus loin que d’habitude. Ce que nous ignorions, c’est que tout le terrain était miné. Un simple faux pas et c’est là que ma vie a basculé. J’ai sauté sur une première mine et le souffle de l’explosion m’a projeté sur une deuxième. J’ai perdu mes deux mains, deux orteils du pied droit et je me suis aussi cassé la jambe. Depuis cette tragique expérience, je cherche tant bien que mal à m’adapter à ma nouvelle vie. Même si ce n’est simple pour aucun de nous deux, mon père fait tout son possible pour que j’aie une adolescence heureuse. Je peux compter sur lui pour me nourrir, m’habiller et même me donner le bain. Lorsque j’en ressens le besoin, il est aussi là pour me soutenir moralement. Le reste de mes journées, je les passe à jouer au football avec mes amis. Mes blessures les ont rendus plus conscients du danger des mines, ici, à Dobrinja. Mon nom est Tihomir, j’ai quinze ans et je prie pour que les terrains minés d’aujourd’hui redeviennent les aires de jeux pour enfants d’autrefois. »

Découvrez l’intégralité de cette histoire dans nos archives : Bosnie : les enfants du front


Bosnie : les enfants du front ; © CICR, Azimuts ; PAGONIS, Jennifer ; 1997 ; V-F-CR-F-00369.