Les fonds d’archives et les collections de la bibliothèque du CICR contiennent des millions de documents dont les plus anciens remontent à 1863. Ils représentent un héritage inestimable qui retrace toute l’histoire de l’action du CICR et du développement du droit international humanitaire en faveur de la protection des personnes affectées par les conflits.

Mais ces fonds et collections représentent bien plus que l’histoire d’une institution et du droit international. Les consulter, c’est plonger au cœur de certains des moments les plus sombres des 150 dernières années. Ces millions de sources racontent autant d’histoires de souffrance, d’épreuve, de deuil, de disparition, de décès, de massacre, mais aussi de résilience, d’espoir, de survie et de persévérance. Dans certains cas, elles sont la seule preuve de la souffrance, voire de l’existence d’une personne.

Les millions de documents de nos archives racontent autant d’histoires personnelles, à l’instar de cette lettre de la main d’un prisonnier de la Seconde Guerre mondiale (Archives du CICR).

Ces archives ne sont pas seulement celles du CICR. Elles appartiennent à l’histoire des nations et en premier lieu à celle des populations que le CICR a cherché à protéger et secourir. Nos archives de la Seconde Guerre mondiale comportent par exemple plus de 36 millions d’archives nominatives. Parfois le nom est celui d’un prisonnier de guerre, enregistré à son arrivée au camp. Dans d’autres cas, c’est celui d’un proche dont on a perdu la trace dans le chaos du conflit et pour lequel la famille vient ouvrir une demande de recherche.

Des décennies plus tard, de nombreuses familles nous contactent à la recherche d’informations sur leur propre histoire. Année après année, certaines continuent sans relâche à nous solliciter au sujet de leurs proches disparus, dans l’espoir de pouvoir enfin faire leur deuil.  À une autre échelle, des nations entières empruntent le chemin de la réconciliation après des périodes de conflits pour aller de l’avant réunifiées. Les archives du CICR peuvent éclairer leur passé et répondre à leurs questionnements. Malheureusement, la plupart des sources n’existent que sous leur forme matérielle d’origine et ne sont pas consultables en ligne, à l’exception notable des archives sur les prisonniers de guerre de la Première Guerre mondiale, des archives audiovisuelles et d’une partie des collections de notre bibliothèque. Ainsi, les chercheurs qui choisissent d’étudier l’Agence internationale de secours aux militaires blessés et malades créée pendant la guerre franco-prussienne (1870-1871), l’ancêtre de l’actuelle Agence centrale de recherches, se voient contraints de venir à Genève. Les familles recherchant leur proche détenu pendant la Seconde Guerre mondiale doivent nous écrire. Face à l’afflux massif de demandes, les nouvelles requêtes ne peuvent être acceptées que 3 fois par an, limitées par un quota désormais atteint en 45 minutes.

Les millions de fiches nominatives et de demandes de recherche traitées par le CICR pendant la Seconde Guerre mondiale font maintenant partie de ses archives. Références (de gauche à droite) : V-P-HIST-00407-03, V-P-HIST-03574-03, V-P-HIST-03573-35, V-P-HIST-03570-22.

La voie à suivre est claire ; lancer un vaste projet de numérisation qui permettra à tous un accès à l’information au travers d’un portail en ligne dédié. Aujourd’hui déjà, les portails existants des archives et de la bibliothèque du CICR accueillent plus de 130’000 visiteurs en ligne par an – et les collections disponibles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg.  En 2019, l’Assemblée du CICR a reconnu ce besoin d’améliorer l’accès en ligne à l’information en adoptant la stratégie sur les archives, records et collections de bibliothèque du CICR. La pandémie de Covid-19 et les restrictions liées ont encore accru la pression qui pèse sur les services d’archives pour offrir une alternative à la consultation classique des fonds in situ.

La numérisation de nos archives ouvrira l’accès aux centaines de millions de données qu’elles contiennent, offrant des possibilités inédites de croisement et d’analyse de ces données impossibles dans leur format d’origine.  Actuellement en chantier, un projet mené par le département protection du CICR explore le recours aux nouvelles technologies pour croiser les données de différentes séries d’archives et ainsi améliorer nos chances de retrouver les personnes disparues. C’est un exemple parmi tant d’autres du potentiel de nos archives et de ce que nous pourrions réaliser grâce à leur numérisation.

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