Introduction
Loin des poncifs, la Première Guerre mondiale ne s’est pas limitée aux tranchées. Les civils, l’économie, les villes, les idées, la science ou encore les règles censées encadrer la guerre se sont retrouvés directement concernés. Parmi les pratiques qui illustrent cette totalisation de la guerre, les représailles ont eu un impact humanitaire significatif.
Répondre coup pour coup à l’ennemi, y compris en s’engouffrant dans des cycles de représailles, souvent au mépris du droit, était une manière de dissuader, mais aussi de punir. Les représailles peuvent être comprises au sens juridique :
« On entend par représailles un acte qui, dans d’autres circonstances, serait illégal, mais qui, dans des cas exceptionnels, est considéré légitime en droit international lorsqu’il est accompli pour faire respecter le droit en réaction à des actes illicites de l’adversaire »[1]
Mais elles peuvent également s’appliquer à des faits et actes qui ne relèvent pas nécessairement de règles juridiques existantes.
Souvent justifiées comme des réactions à des violations du droit de la guerre, ces mesures ont pourtant mis à mal l’édifice juridique en vigueur à l’époque[2]. Étaient-elles vraiment efficaces ? Étaient-elles légitimes ? Ou ne faisaient-elles qu’alimenter une spirale de brutalité sans fin ?
Cet article explore différentes facettes des représailles pendant la Première Guerre mondiale en s’intéressant plus particulièrement à celles qui ont eu un impact humanitaire direct sur des milliers d’êtres humains. Il s’intéresse ensuite à l’action du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) face à ce phénomène. Une dernière section propose enfin quelques réflexions plus générales sur la pratique des représailles qui, si elles se fondent sur l’expérience de la Grande Guerre, pourraient très certainement s’appliquer aux conflits contemporains.
Les armes chimiques : une escalade « justifiée » par les représailles
Il y avait déjà eu au 19e siècle des tentatives pour anticiper et limiter l’usage d’armes chimiques, par exemple dans le Projet d’une Déclaration internationale concernant les lois et coutumes de la guerre, connu sous le nom de Déclaration de Bruxelles du 27 août 1874[3]. Lors de la conférence de la paix de La Haye en 1899[4]. Une déclaration de cette conférence, limitée aux projectiles, indiquait ainsi que :
« Les Puissances contractantes s’interdisent l’emploi de projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères. La présente Déclaration n’est obligatoire que pour les Puissances contractantes, en cas de guerre entre deux ou plusieurs d’entre elles. Elle cessera d’être obligatoire du moment où dans une guerre entre des Puissances contractantes, une Puissance non contractante se joindrait à l’un des belligérants »[5]
De plus, la IVe Convention de La Haye de 1907 précise que « Outre les prohibitions établies par des conventions spéciales, il est notamment interdit : a. d’employer du poison ou des armes empoisonnées »[6].
L’utilisation des armes chimiques dès le printemps 1915 provoque initialement une onde de choc sur les champs de bataille et dans l’opinion publique internationale[7]. Si c’est l’Allemagne qui les utilise en premier, les autres belligérants lui emboitent rapidement le pas. La guerre chimique devient commune, marquée tant par le développement de nouvelles techniques, que par la massification de leur emploi[8].
Les vagues dérivantes utilisées initialement n’étant guère efficaces, les belligérants cherchent à mieux cibler leurs adversaires, et à utiliser des substances plus létales. En juillet 1917, près de la ville belge d’Ypres, les Allemands utilisent du sulfure de dichlorodiéthyle, qui est bientôt appelé ypérite, mais aussi gaz moutarde[9].
Dès 1915, les deux camps s’accusent d’avoir initié cette violation du droit international, cherchant ainsi à justifier leur propre recours aux gaz de combat, qu’ils prétendent utiliser à titre de représailles[10].
Si les armes chimiques ne sont statistiquement responsables que d’une petite fraction des morts pendant le conflit, elles ont un très fort impact psychologique et ont rendu la vie des soldats du front encore plus infernale. Agir par représailles constitue ainsi un prétexte pour légitimer des actions contraires au droit et aux principes humanitaires tout en alimentant une spirale de violence.
L’expérience de la Première Guerre mondiale va pousser la communauté internationale à légiférer sur la question. Le CICR y prendra une part active, et ces efforts mèneront au Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, signé à Genève en juin 1925[11].
Les navires-hôpitaux victimes directes de la guerre sous-marine à outrance
La guerre de course que les Allemands mènent contre la flotte marchande britannique conduit à l’adoption de contre-mesures et stratégies, dont celle de naviguer sous faux pavillon neutre, qui compliquent la capacité allemande à mener cette guerre navale dans les règles. Au prétexte du blocus britannique, l’Allemagne autorise ses forces à attaquer les navires neutres sans respecter le droit maritime, par exemple sans avertissement préalable, ou sans respecter les dispositions de la Convention de La Haye de 1907 pour l’adaptation à la guerre maritime des principes de la Convention de Genève[12].
Cette campagne de guerre sous-marine à outrance commence le 4 février 1915, lorsque les Allemands font des eaux autour des îles britanniques des zones de guerre où tout navire pourrait être coulé. En réaction, les Britanniques accusent l’Allemagne d’actes de piraterie. Les Etats neutres, qui voient leurs navires et leur commerce mis en danger, remettent également en cause la légalité de ces mesures[13].
La victime la plus connue de cette phase de la guerre est sans doute le navire britannique Lusitania, coulé en mai 1915[14]. Le scandale causé par cette attaque et les pressions américaines – de nombreux passagers Américains ayant péris pendant cette attaque, il y aura même des suites juridiques après la guerre[15] – poussent l’Allemagne à modifier sa campagne, essayer d’épargner les transports de passagers et les navires-hôpitaux des attaques, puis de se focaliser sur la mer Méditerranée, où les navires américains naviguent en nombre plus réduit[16].
A cette époque, sur les différentes mers du globe, plusieurs navires-hôpitaux sont attaqués, parfois coulés. Les belligérants plaident généralement l’erreur involontaire ou accusent l’ennemi d’utiliser ces navires sanitaires à des fins militaires[17].
La situation change drastiquement en janvier 1917. L’Allemagne, en violation claire du droit, annonce reprendre la guerre sous-marine à outrance dans la note qu’elle fait remettre aux Français et Britanniques le 29 janvier[18]. Elle y annonce son intention d’attaquer et couler sans avertissement tous les navires dans une zone déterminée de la Manche et de la mer du Nord. Cela inclut les navires-hôpitaux. Deux jours plus tard, elle étend ses menaces à tout le trafic maritime autour de la Grande-Bretagne, France, Italie et en Méditerranée orientale.
En représailles, la France menace d’embarquer sur ses navires-hôpitaux des prisonniers précieux aux yeux de l’Allemagne[19].
Le rapatriement du personnel sanitaire : un enjeu humanitaire politisé
Les représailles ont également entravé le rapatriement du personnel sanitaire tombé aux mains de l’ennemi. La Convention de Genève de 1906 précise dans son article 12 :
« Les personnes désignées dans les articles 9 , 10 et 11 continueront, après qu’elles seront tombées au pouvoir de l’ennemi, à remplir leurs fonctions sous sa direction.
Lorsque leur concours ne sera plus indispensable, elles seront renvoyées à leur armée ou à leurs pays dans les délais et suivant l’itinéraire compatibles avec les nécessités militaires.
Elles emporteront, alors, les effets, les instruments, les armes et les chevaux qui sont leur propriété particulière »[20]
Il est certes arrivé que du personnel sanitaire tombé aux mains de l’ennemi soit maintenu en internement pour s’occuper de détenus nécessitant des soins médicaux. Mais pour de nombreux sanitaires, leur internement s’est prolongé pendant des mois parce que les différents belligérants refusaient de respecter leurs obligations au prétexte que leurs ennemis avaient violé le droit avant eux.
Dès l’automne 1914, la France accuse l’Allemagne de retenir son personnel sanitaire capturé. L’Allemagne rétorque qu’ayant capturé beaucoup plus de soldats que la France et étant en proie à une pénurie de médecins, les sanitaires français sont requis pour soigner leurs propres compatriotes. Elle accuse également les autorités russes et britanniques de retenir illégalement son personnel sanitaire et agit donc en représailles[21]. On on trouve ainsi dans les archives du CICR des mentions claires où les belligérants reconnaissent agir par représailles, sans guère plus de justifications.
En janvier 1915, la situation est au point mort et chaque belligérant refuse de rapatrier les sanitaires ennemis capturés. L’Allemagne a une interprétation du droit différente du CICR et affirme qu’aucun pays n’applique la Convention de Genève[22]. Du côté du gouvernement français, s’il partage pleinement l‘interprétation du CICR, il justifie son attitude par représailles, au motif que l’Allemagne a commencé[23].

Guerre 1914-1918. Berlin, camp de prisonniers de guerre, lazaret de Réserve « Neue Welt ». A gauche un médecin français soignant ses compatriotes. ©ACICR. V-P-HIST-04004
De véritables rapatriements ont enfin lieu au printemps 1915, mais cette amélioration n’est que temporaire. Les blocages reprennent.
En mai 1916, des sanitaires malades français et allemands doivent être internés en Suisse. Mais, par mesures de représailles, les autorités belligérantes les refoulent en chemin[24]. En juin, L’Allemagne pose une condition pour libérer les sanitaires français, belges et anglais qu’elle détient. Elle demande que la Russie renvoie son personnel médical en mains russes[25].
Début 1917, les tensions entre la France et l’Allemagne ont atteint un point critique, chaque camp accusant l’autre de ne pas respecter ses engagements. La France parle ouvertement de représailles[26]. Il faudra attendre l’été de la même année pour que la situation s’améliore et que les rapatriements reprennent sans difficultés majeures.
Transmettre les listes de prisonniers : oui, mais…
Dès le début du conflit, le CICR crée son Agence internationale des prisonniers de guerre (AIPG), chargée de recueillir, conserver et transmettre des informations sur le sort des soldats. Il prend cette initiative en se fondant sur une résolution de la neuvième Conférence internationale des Sociétés de la Croix-Rouge tenue à Washington en 1912[27].
Le CICR encourage les belligérants à transmettre les listes de soldats qu’ils ont capturés, afin que les autorités de ceux-ci puissent informer leurs familles.
Les Allemands sont les premiers à envoyer de telles listes, mais attendent des Français qu’ils les imitent rapidement, sans quoi ils useront de représailles[28]. Durant les premiers mois du conflit, la transmission des listes par la France ne fonctionne pas très bien, et le CICR s’en plaint même auprès de la Croix-Rouge française[29]. Afin de faciliter des échanges efficaces dans les deux sens, le CICR propose que les listes soient envoyées à l’AIPG directement par les commandants de camps.
Or, si les Allemands acceptent la proposition, le gouvernement français est bien plus réticent. Craignant les représailles, le CICR fait alors pression sur le général Gallieni, ministre français de la Guerre, pour que la France transmette bien les informations sur les soldats qu’elle a capturés[30]. Fort heureusement, le CICR parvient à convaincre le gouvernement français, la réciprocité étant un concept clé.

Guerre 1914-1918. Musée Rath. Les dossiers de l’Agence internationale des prisonniers de guerre. ©ACICR (DR). V-P-HIST-E-03603
Cette réciprocité nécessite des efforts perpétuels. Le Croissant-Rouge ottoman et le gouvernement britanniques s’accusent de ne pas transmettre automatiquement les actes de décès des internés morts en captivité[31]. En décembre 1915, l’Allemagne suspend l’envoi des listes d’internés décédés, au moment où la France considérait enfin les listes partagées par l’AIPG comme notifications officielles pour les familles[32]. Il faudra attendre juillet 1916 pour que le CICR convainque Allemands et Français de transmettre sans délai les listes de prisonniers décédés[33].
Tous les efforts du CICR ont porté leurs fruits. La transmission des listes de prisonniers ou de prisonniers décédés a permis de rassurer des millions de familles sur le sort de leurs proches bien-aimés, ou de leur permettre de commencer leur deuil.
Les prisonniers de guerre : victimes des cycles de représailles
Le traitement des prisonniers de guerre illustre peut-être le plus clairement la radicalisation des pratiques pendant la Première Guerre mondiale. Une littérature pléthorique existe déjà sur le sujet[34], et les lignes qui suivent ne vont mettre en évidence que quelques exemples emblématiques.
Au déclenchement du conflit, certaines dispositions du droit de La Haye protègent les prisonniers de guerre[35]. Il faudra cependant attendre la Convention de Genève de 1929, développée sur la base de l’expérience de la Grande Guerre, pour que la protection des prisonniers de guerre soit ancrée dans le droit international par un traité spécifique[36].
Dès mars 1915, le gouvernement allemand critique le traitement de ses soldats capturés par la France et menace d’user de représailles[37]. Quelques mois plus tard, le CICR et la Suisse proposent d’organiser une conférence franco-allemande pour supprimer les mesures de représailles concernant les prisonniers de guerre, mais la France la refuse[38].

Guerre 1914-1918. Dorset, Dorchester, camp de prisonniers de guerre. Vue générale. ©ACICR. V-P-HIST-04124
Les camps de représailles, où les prisonniers sont soumis à des travaux pénibles, apparaissent des deux côtés de la ligne de front. En 1916, la France et l’Allemagne intensifient ces mesures, chacune justifiant ses actions par les abus présumés de l’autre. En réaction à l’envoi par la France de prisonniers allemands dans des camps de travail en Afrique du Nord, l’Allemagne envoie des prisonniers français dans des camps de travail dans la Baltique. La France fait alors marche arrière[39].
L’Allemagne crée des camps de représailles où les prisonniers sont astreints à des travaux pénibles à proximité du front[40]. Elle se justifie en parlant de réaction à l’utilisation de camps de même nature en France et en Russie[41].
La France dissémine ses propres camps de représailles sur le territoire national pour limiter le contrôle des neutres[42]. En mai 1916, elle prend la décision d’occuper des prisonniers de guerre allemands à des tâches en faveur de l’armée sur le front, ou pour l’effort de guerre, en violation du droit de La Haye[43]. Des représailles similaires sont également présentes entre Allemands et Britanniques[44].
L’année 1917 marque l’aboutissement de ces cycles de représailles. Au printemps, en représailles à l’utilisation de prisonniers allemands sur le front, par exemple à Verdun, l’Allemagne décide que tous les nouveaux prisonniers français et britanniques seront eux-aussi détenus près du front. Ces représailles ne prennent fin qu’après que les Français et Britanniques acceptent de retirer les prisonniers allemands à 30 km de la ligne de front[45].
Tout au long de ces cycles de représailles, les différents belligérants ne cessent d’écrire au CICR pour accuser l’ennemi d’être à l’origine du phénomène[46].
Les réponses du CICR : Neutralité, action et frustration
Que peut donc faire le CICR face à la multiplication des représailles chez la plupart des belligérants, dans des domaines très variés ?
Le CICR n’a aucun moyen coercitif pour faire respecter le droit. Agissant en tant qu’autorité morale, il ne peut jouir que de son prestige et user de sa parole pour essayer de convaincre les belligérants de mieux respecter le droit[47]. Dans ce cadre, la réciprocité joue un rôle fondamental.
Dès le 19 septembre 1914, le CICR écrit aux belligérants et leur rappelle leur obligation d’instruire correctement leurs armées sur les principes du droit de Genève[48].
Concernant les armes chimiques, le CICR lance le 6 février 1918 un Appel aux belligérants contre l’emploi de gaz vénéneux où il demande de cesser d’utiliser des gaz de combat et propose de conclure un accord en ce sens[49]. Il convient de noter qu’il aura fallu presque trois ans au CICR pour dénoncer publiquement l’utilisation d’armes chimiques sur le champ de bataille. S’il sort enfin de sa réserve, c’est en fait parce qu’il croit, à tort, que l’Allemagne prépare une grande offensive chimique contre les forces de l’Entente[50]. Il faudra ensuite attendre 1925 pour qu’un Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques soit signé[51].
Les belligérants s’accusent mutuellement de bombarder des lazarets, hôpitaux, train-hôpitaux ou autres installations médicales. Le CICR reçoit ces accusations et les publie dans son Bulletin[52]. Ce sont 32 protestations qui y paraissent entre 1914 et 1919[53]. De plus, le CICR reçoit, transmet et publie dans son Bulletin les plaintes concernant les attaques contre les navires-hôpitaux. En avril 1917, réagissant à la reprise de la guerre sous-marine à outrance, il lance un appel contre le torpillage des navires-hôpitaux et reproche à l’Allemagne de violer consciemment les dispositions du droit international[54].
A propos du rapatriement des sanitaires tombés aux mains de l’ennemi, le CICR s’engage dans de longs et intenses échanges avec les belligérants. Cette violation du droit de Genève génère une abondante correspondance. Après avoir précisé à l’interne sa position sur le rôle et les droits du personnel sanitaire[55], il partage ses vues avec les belligérants le 7 décembre 1914[56]. L’Allemagne affirme rapidement ne pas partager l’interprétation de la Convention de Genève donnée par le CICR. La France partage en revanche les vues de l’institution genevoise, mais ne s’y conforme pas pour autant.

Guerre 1914-1918. Tarn, Carmaux, camp de prisonniers de guerre. M. Eugster s’entretient avec des prisonniers. ©ACICR. V-P-HIST-04140
Il faudrait enfin des pages et des pages pour résumer l’action du CICR en faveur des prisonniers de guerre, en particulier ses efforts pour faire cesser les représailles[57]. Nous nous limiterons à présenter quelques jalons et aspects de cette action liée aux représailles uniquement.
En inspectant les camps, le CICR plaide pour la réciprocité positive dans le traitement des prisonniers de guerre. Comme le reconnait un délégué :
« Je voudrais vous mettre un peu au courant de la mentalité des M.M. avec lesquels j’ai à faire. Elle peut se résumer par les mots : ‘donnant-donnant’, ‘représailles’, ‘réciprocité’ et… ‘apaisement’ »[58]
Les états en guerre critiquent néanmoins rapidement ces visites, remettant en cause tantôt l’objectivité des délégués, tantôt leur efficacité. En mars 1915, la Croix-Rouge française explique par exemple que les internés ne peuvent pas parler librement aux délégués par crainte de représailles[59]. Des prisonniers internés en Suisse abondent dans le même sens. Les visites des délégués n’avaient qu’un effet passager, et la crainte de représailles empêchait les internés de dire la vérité sur les conditions réelles dans les camps[60]. Les visites ont néanmoins souvent permis d’améliorer les conditions de détention[61].
On peut également considérer que les rapports positifs du CICR sur les camps gérés par la Grande-Bretagne rendaient difficiles de justifier des représailles contre les prisonniers britanniques[62]. Est-ce que cela a contribué à contrer les cycles de représailles ?
Au-delà du travail global du CICR en faveur des prisonniers, il s’intéresse également spécifiquement aux représailles. Le 12 juillet 1916, il lance, sans succès, un appel condamnant les mesures de représailles contre les prisonniers[63]. Non seulement l’appel reste sans effet, mais en plus on lui reproche son contenu. Ainsi, la Croix-Rouge française se plaint que son caractère soit général alors qu’il aurait fallu viser spécifiquement l’Allemagne[64].
Il existe dans les archives un projet de nouvelle protestation en 1917 où le CICR laisse exploser sa frustration. Ce projet n’a jamais été publié. S’en prenant particulièrement à l’Allemagne, contre laquelle il énumère un certain nombre de graves violations du droit, le document regrette également que seule la Grande-Bretagne ait ouvertement dit ne pas vouloir des représailles[65]. Le CICR a ainsi le devoir de « signaler au monde et d’appeler l’attention d’abord des belligérants, puis de toutes les nations civilisées sur de graves infractions à la grande loi de l’humanité »[66]. Très (trop ?) direct, cet appel est resté à l’état de projet.
Confronté à ces cycles de représailles, le CICR s’est efforcé de favoriser la réciprocité et de réduire les abus. Toutefois, son action a fréquemment été compromise par la défiance des belligérants et l’instrumentalisation de ses rapports.
Les Représailles : frein ou catalyseur de brutalité ?
Les représailles ont-elles limité les abus ou ont-elles, au contraire, exacerbé la brutalité du conflit ?
On pourrait soutenir que puisque les représailles allemandes du printemps 1917 ont forcé l’Entente à retirer ses prisonniers de la zone du front, elles sont généralement efficaces, et donc bienvenues.
Mais ce serait ignorer l’accumulation de représailles sur les prisonniers de guerre tout au long du conflit, avant, mais aussi après 1917. Ce serait également ignorer les autres cycles de représailles qui se sont aussi étendus sur des années, et dont la résolution n’a pas été atteinte par les représailles elles-mêmes.
Les représailles ont eu un coût humain indéniable. Combien de souffrances, de morts et de vies brisées, parce que les belligérants étaient entrés dans un engrenage destructeur ? Les belligérants ont consciemment mis leurs propres citoyennes et citoyens en danger, au risque de plus grandes souffrances.

Guerre 1914-1918. Wahn, camp de prisonniers de guerre. Prisonniers français au travail. ©ACICR. V-P-HIST-04097
Il convient également de rappeler le rôle négatif de la propagande sur les opinions publiques, qui ont ensuite poussé à l’escalade des représailles contre les prisonniers de guerre. Les processus de déshumanisation de l’ennemi ont joué à plein et ont mené ses sociétés à privilégier la loi du talion. Ce faisant, elles se sont désintéressées d’une amélioration possible de la situation humanitaire
Il est en revanche tout à fait possible que la crainte de représailles, plus que les représailles elles-mêmes, a empêché les belligérants de trop maltraiter les prisonniers qu’ils détenaient. Pour certains, cette crainte aurait été plus efficace que les dispositions du droit international ou les visites du CICR[67].
Est-ce également le cas concernant les navires-hôpitaux ? Après le retour de la guerre sous-marine à outrance en 1917, les Britanniques perdent plusieurs navires-hôpitaux, tandis que la France, qui avait embarqué des prisonniers allemands à bord des siens, n’a pas eu à souffrir de pertes similaires. Il est difficile de répondre, sachant que les forces de l’Entente avait aussi décidé d’un commun accord de faire naviguer leurs navires-hôpitaux sans signes distinctifs et feux éteints.
La peur des représailles a peut-être limité les pratiques contraires au droit, tout en les justifiant parfois, contribuant ainsi à une fuite en avant dans les violences[68]. Peut-être les menaces de représailles contenaient-elles une part de bluff. Mais si celui-ci échouait, l’engrenage allait alors entrainer ses propres citoyens dans des cycles de violence.
De plus, les mesures de représailles ont été contreproductives en remettant en cause l’image et la légitimité des Etats concernés auprès des neutres[69]. En s’enfonçant dans des cycles sans fin de représailles, les belligérants ont volontairement violé le droit international et renoncé à appliquer les dispositions de traités qu’ils avaient signés. On peut s’interroger sur l’impact de ces représailles dans la confiance qui peut être accordée aux Etats qui violent consciemment le droit.
Enfin, alors que les différentes nations présentaient la guerre comme une lutte entre la civilisation et la barbarie, leur attitude s’est révélée être en profonde contradiction avec les grands principes qu’ils prétendaient défendre. Cette contradiction n’était pas que légale, elle était aussi morale. Peut-on légitimement prétendre se battre pour le droit et la civilisation tout en se compromettant de la sorte ?
Conclusion : vers un cycle vertueux de réciprocité ?
Les représailles pendant la Première Guerre mondiale illustrent les dilemmes moraux et pratiques auxquels les belligérants ont été confrontés. Si elles ont cherché à prévenir ou punir les abus de l’ennemi, elles ont également alimenté une spirale de violence et de méfiance.
De nos jours, les représailles contre les personnes protégées par les Conventions de Genève sont interdites[70] tandis qu’elles sont soumises à des conditions très strictes dans les cas où elles ne sont pas explicitement interdites par le droit international[71].
Ces pratiques n’ont malheureusement pas disparu dans les conflits contemporains, au mépris du droit et de l’humanité.
Plus d’un siècle après la fin de la première Guerre mondiale, nous connaissons les réelles conséquences humaines et humanitaires des représailles. L’exemple de la Première Guerre mondiale doit nous inviter à réfléchir à l’utilisation de représailles dans les conflits contemporains.
Plutôt que de perpétuer ces cycles destructeurs, il est essentiel de réfléchir à des mécanismes favorisant la réciprocité positive et le respect du droit. Contrairement aux représailles, qui tendent à aggraver les tensions et à rendre la situation humanitaire encore plus difficile, s’engager délibérément à respecter le droit et montrer l’exemple présente l’avantage de réduire les risques pour celles et ceux qui ne se battent pas ou plus, y compris pour ses propres citoyennes et citoyens.
Certes, il n’existe légalement pas de réciprocité en DIH dans la mesure où si l’un des belligérants ne respecte pas ses obligations, les autres parties restent liées à ces dernières. En revanche, la réciprocité peut aussi être envisagée sous un angle plus constructif. Ainsi, il est peut-être possible de promouvoir des cycles vertueux de réciprocité, fondés sur le respect du droit international. En adoptant une telle posture, des belligérants pourraient non seulement montrer leur sérieux, leur humanité, mais aussi encourager d’autres à suivre cet exemple par effet d’émulation[72]. Plus qu’une question de droit, le refus des représailles est un choix de civilisation : celui de rompre avec la logique de la vengeance pour affirmer la primauté de l’humanité, même au cœur de la guerre.
[1] Droit international humanitaire coutumier, règle 145, https://ihl-databases.icrc.org/fr/customary-ihl/v1/rule145
[2] Concernant le droit international en vigueur pendant la Première Guerre mondiale ainsi que la façon dont il a été violé et respecté, nous renvoyons à : Isabel V. Hull, A Scrap of paper. Breaking and Making International Law during the Great War, Ithaca, Londres: Cornell University Press, 2014; Jean H. Quataert, « International Law and the Laws of War », in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, ed. by Ute Daniel, Peter Gatrell, Oliver Janz, Heather Jones, Jennifer Keene, Alan Kramer, and Bill Nasson, issued by Freie Universität Berlin, Berlin, 2014, https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/international-law-and-the-laws-of-war/
[3] En particulier l’article 13 : « D’après ce principe sont notamment interdits : a. L’emploi du poison ou d’armes empoisonnées », Projet d’une Déclaration internationale concernant les lois et coutumes de la guerre, Bruxelles, 27 août 1874, https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/brussels-decl-1874 ; Nous renvoyons également à Catherine Jefferson, « Origins of the norm against chemical weapons », International Affairs, vol. 90, n° 3, mai 2014, p. 647-661, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/1468-2346.12131
[4] Thomas I. Faith, « Gas Warfare », in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin 2016, https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/gas-warfare/
[5] Déclaration (IV,2) concernant l’interdiction de l’emploi de projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères, La Haye, 29 juillet 1899, https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/hague-decl-iv-2-1899
[6] Convention (IV) concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre et son Annexe: Règlement concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, La Haye, 18 octobre 1907, article 23, https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/hague-conv-iv-1907/regulations-art-23
[7] Olivier Lepick, La Grande Guerre chimique : 1914-1918, Paris : Presses Universitaires de France, 1998, p. 297.
[8] Ibid. p. 234.
[9] Ibid., p. 218.
[10] Annie Deperchin, « Les gaz et le droit international », in Laura Maggioni (éd.), Gaz! Gaz! Gaz! La guerre chimique, 1914-1918, Milan : 5 Continents Editions, Péronne : Historial de la Grande Guerre, 2010, p. 21. Pour une analyse plus détaillée des débats sur l’emploi d’armes chimiques avant, pendant et après la Première Guerre mondiale, nous renvoyons à : Miloš Vec, « Challenging the Laws of War by Technology, Blazing nationalism and Militarism : Debating Chemical Warfare before and After Ypres, 1899-1912 », in Bretislav Friedrich., Dieter Hoffmann, Jürgen Renn, Florian Schmaltz, Martin Wolf (éd.), One Hundred Years of Chemical Warfare: Research, Deployment, Consequences. Cham : Springer, p. 105-134, https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-51664-6_7
[11] Leo van Bergen, Maartje Abbenhuis, « Man-monkey, monkey-man: neutrality and the discussions about the “inhumanity” of poison gas in the Netherlands and International Committee of the Red Cross », First World War Studies, vol. 3, 2012, p. 1099-1120.
[12] Convention (X) pour l’adaptation à la guerre maritime des principes de la Convention de Genève, La Haye, 18 octobre 1907, https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/hague-conv-x-1907
[13] Ces informations viennent de Mark D. Karau, « Submarines and Submarine Warfare», in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin 2023, https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/submarines-and-submarine-warfare-1-1/
[14] Chelsea Autumn Medlock, « Lusitania, Sinking of », in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin 2019, https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/lusitania-sinking-of-1-1/
[15] Le Lusitania apparaît à de multiples reprises dans l’arrangement du 10 août 1922 pour déterminer les engagements financiers de l’Allemagne résultant du traité de Berlin du 25 août 1921 : Mixed claims commissions United States – Germany constituted under the Agreement of August 10, 1922, extended by Agreement of December 31, 1938, https://legal.un.org/riaa/cases/vol_VII/1-391.pdf
[16] Mark D. Karau, « Submarines and Submarine Warfare ».
[17] Cédric Cotter, (S’)Aider pour survivre. Action humanitaire et neutralité suisse pendant la Première Guerre mondiale, Chêne-Bourg : Georg Editeur, p. 60-62.
[18] Michael S. Neiberg, « 1917 : Mondialisation », in Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale. Cambridge History, vol. 1 : Combats, Péronne, Paris : Libraire Arthème Fayard, 2013, p. 133.
[19] J. Galloy, L’inviolabilité des navires-hôpitaux et l’expérience de la guerre 1914-1918, Paris, Libraire du Recueil Sirey, 1931, p. 103.
[20] Convention pour l’amélioration du sort des blessés et malades dans les armées en campagne, Genève, 6 juillet 1906, article 12,
[21] Lettre du CICR pour la Croix-Rouge russe à Petrograd, 8 février 1915, Archives du CICR (ACICR) C G1 B 02-06.09.
[22] Lettre de la Chambre des députés, Berlin, pour le CICR, 23 janvier 1915, ACICR C G1 B 02-05.01.
[23] Lettre du ministère français de la guerre pour le CICR, 2 mars 1915, ACICR C G1 B 02-05.01 ; Lettre du CICR pour la commission des prisonniers de guerre, Croix-Rouge allemande, 24 mars 1915, ACICR C G1 B 02-06.01.
[24] Lettre du CICR pour la commission des prisonniers de guerre de la Croix-Rouge allemande, 31 mai 1916, ACICR C G1 B 02-06.01.
[25] Lettre du CICR pour le ministre de Belgique à Berne, 9 juin 1916, ACICR C G1 B 02-06.04.
[26] Lettre de l’inspection générale des prisonniers de guerre, ministère de la Guerre, pour le CICR, 7 avril 1917, ACICR C G1 B 02-06 .01.
[27] Gradimir Djurovic, L’agence centrale de recherches du Comité International de la Croix-Rouge, Activités du CICR en vue du soulagement des souffrances morales des victimes de guerre, Genève : Institut Henry Dunant, 1987 (1981), p. 40.
[28] Télégramme de Gustave Ador pour le Département politique fédéral, 19 septembre 1914, Archives fédérales suisses (AF), 1000/45, bd. 89, n° 692.
[29] Lettre du CICR pour le comité central de la Croix-Rouge française, Bordeaux, 16 novembre 1914, ACICR C G1 A 11-01.
[30] Lettre du CICR pour le général Gallieni, ministre de la Guerre, 17 janvier 1915, ACICR C G1 A 11-01 ; Frédéric Barbey, L’agence internationale des prisonniers de guerre à Genève, p. 87.
[31] Cf. les documents conservés dans : ACICR C G1 A 13-01.
[32] Lettre du ministère de la Guerre pour le CICR, 4 décembre 1915, ACICR C G1 A 13-03.
[33] Lettre de l’Intendant militaire, chef du bureau de renseignements, ministère de la Guerre, pour le CICR, 6 juillet 1916, ACICR C G1 A 13-01.
[34] Uta Hinz, « Prisonniers », in Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Histoire et culture, Paris: Bayard, 2000, p. 778-779; Heather Jones, Violence against Prisoners of War in the First World War: Britain, France and Germany, 1914-1918, Cambridge: Cambridge University Press, 2011. Nous renvoyons également au chapitre 9 de Isabel V. Hull, A Scrap of paper. Breaking and Making International Law during the Great War, p. 276 sq.
[35] Concernant le développement du droit de Genève et du droit de La Haye pendant la Grande Guerre : Syméon Karagiannis, « Conventions internationales et droit de la guerre », in Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Histoire et culture, p. 83-95 ; Isabel V. Hull, op. cit.
[36] Hazuki Tate, « Hospitaliser, interner et rapatrier: la Suisse et les prisonniers de guerre », in Relations internationales, n°159, automne 2014, p. 35-47 ; Neville Wylie, Lindsey Cameron, « The Impact of World War I on the Law Governing the Treatment of Prisoners of War and the Making of a Humanitarian Subject », European Journal of International Law, vol. 29, n’ 4, 2018, p. 1327–1350, https://academic.oup.com/ejil/article/29/4/1327/5320163
[37] Lettre du ministère de la Guerre à Berlin pour le Hamburgischer Landesverien vom Roten Kreuz traduite par le CICR, 24 mars 1915, ACICR C G1 A 18-06.
[38] Lettre du CICR pour le Ministère français des Affaires étrangères, 7 août 1915 ; Lettre de l’ambassade française à Berne pour le CICR, 24 août 1915, ACICR C G1 A 09-04.
[39] Tous ces exemples viennent de Heather Jones, « Prisoners of War », in 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, Berlin 2014-10-08, https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/prisoners-of-war/
[40] Heather Jones, « The German Spring Reprisals of 1917: Prisoners of War and the Violence of the Western Front », in German History, vol. 26, n°3, 2008, p. 339-340.
[41] Rapport de MM. Dr A. Schulthess et F. Thormeyer sur leur visite aux camps de prisonniers de guerre russes en Allemagne, en avril 1916, Onzième série, Genève : Librairie Georg & Cie, juillet 1916, p. 4.
[42] Ronan Richard, La nation, la guerre et l’exilé. Représentations, politiques et pratiques à l’égard des réfugiés, des internés et des prisonniers de guerre dans l’Ouest de la France durant la Première guerre mondiale, thèse de doctorat, Rennes, 2004, vol. 2, p. 508.
[43] Heather Jones, « The German Spring Reprisals of 1917 », p. 343.
[44] Heather Jones, « Prisoners of War ».
[45] Ibid.
[46] Voir par exemple les documents conservés sous la cote : ACICR C G1 A 21-01.
[47] A ce sujet, nous renvoyons vers. Lindsey Cameron, « Le CICR dans la Première Guerre mondiale : une confiance inébranlable dans le pouvoir du droit ? », Revue internationale de la Croix-Rouge, n° 900, 2016, https://international-review.icrc.org/fr/articles/le-cicr-dans-la-premiere-guerre-mondiale-une-confiance-inebranlable-dans-le-pouvoir-du
[48] Procès-verbaux de l’AIPG, 19 septembre 1914.
[49] Appel contre l’emploi des gaz vénéneux, 6 février 1918, https://international-review.icrc.org/fr/articles/appel-contre-lemploi-des-gaz-veneneux
[50] Nous proposons un regard critique sur cette latence dans Cédric Cotter, (S’)Aider pour survivre. Action humanitaire et neutralité suisse pendant la Première Guerre mondiale, p. 50-54.
[51] Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, Genève, 17 juin 1925, https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/geneva-gas-prot-1925
[52] Voir, par exemple : ACICR A CS 5. Concernant la pratique du CICR de publier dans son Bulletin les plaintes des belligérants : Lindsey Cameron, « Le CICR dans la Première Guerre mondiale : une confiance inébranlable dans le pouvoir du droit ? ».
[53] Rapport général du Comité international de la Croix-Rouge sur son activité de 1912 à 1920, Genève : Imprimerie du Journal de Genève, 1921, p. 14-16.
[54] Torpillage des navires-hôpitaux, Note du Comité International de la Croix-Rouge au Gouvernement allemand, 14 avril 1917, ACICR A CS 3.1.
[55] Rapport présenté par mm Ferrière et d’Espine au président du Comité international sur le personnel sanitaire fait prisonniers par l’ennemi, non daté, ACICR C G1 B 02-06.03.
[56] Procès-verbaux de l’AIPG, 7 décembre 1914. Voir également : ACICR C G1 B 02-05.01.
[57] Pour des informations supplémentaires, nous renvoyons à :« L’action du CICR pendant la Première Guerre mondiale », Cross-Files, 3 juin 2019, https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/l-action-du-cicr-pendant-la-premiere-guerre-mondiale/; François Bugnion, Face à l’enfer des tranchées : le Comité international de la Croix-Rouge et la Première Guerre mondiale : 1914-1922, Genève : CICR, 2018, https://library.icrc.org/library/search/notice?noticeNr=45312
[58] Lettre de Carl de Marval pour Gustave Ador, 8 janvier 1915, ACICR C G1 A 19-04.
[59] Lettre de la Croix-Rouge française pour Gustave Ador, 5 mars 1915, ACICR C G1 A 18-15.
[60] A ce sujet, consulter les divers documents conservés dans : ACICR C G1 A 43-05.06.
[61] Heather Jones, « A Missing Paradigm? Military captivity and the Prisoner of War, 1914-18 », in Immigrants & Minorities, vol. 26, n°1-2, 2008, p. 34.
[62] Matthew Stibbe, « Civilian Internment and Civilian Internees in Europe, 1914-20 », in Immigrants & Minorities, vol. 26, n°1/2, mars-juillet 2008, p. 73.
[63] Note du 12 juillet 1916, ACICR C G1 A 06-06.02 ; Procès-verbaux de l’AIPG, 12 juillet 1916, https://library.ext.icrc.org/library/c/internal/search/notice?noticeNr=46136. Voir également : Déclaration du C. I. à l’occasion des mesures de représailles contre les prisonniers, ACICR A CS 2. Ces différents appels sont disponibles en ligne : https://library.icrc.org/library/search/notice?noticeNr=19860
[64] Lettre de Gustave Ador pour le Marquis de Vogüe, 5 septembre 1916, ACICR A CS 2.
[65] Déclaration du C. I. à l’occasion des mesures de représailles contre les prisonniers, ACICR A CS 2.
[66] Ibid.
[67] John Horne, « Atrocités et crimes de guerre », in Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale, vol. 1, p. 608.
[68] Annie Deperchin, « Droit de la guerre », in Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale, vol. 1, p. 676.
[69] Heather Jones, « The German Spring Reprisals of 1917 », p. 353.
[70] Ire Convention de Genève (1949), art. 46 (ibid., par. 448); IIe Convention de Genève (1949), art. 47 (ibid., par. 449); IIIe Convention de Genève (1949), art. 13, al. 3 (ibid., par. 360); IVe Convention de Genève (1949), art. 33, al. 3 (ibid., par. 590)., DIH coutumier, règle 146,
[71] DIH coutumier, règle 145, https://ihl-databases.icrc.org/fr/customary-ihl/v1/rule145
[72] C’est d’ailleurs le principe de la base de données DIH en Action, dont l’objectif est de « favoriser l’identification, la collecte et la promotion de toutes les situations dans lesquelles le DIH est respecté », https://ihl-in-action.icrc.org/fr




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