L’Agence Centrale des Prisonniers de Guerre (ACPG), créée par le CICR en septembre 1939, joue le rôle d’intermédiaire entre les belligérants pour la transmission de la correspondance.
Dès 1939, lorsque les relations postales entre les pays en guerre sont interrompues, des milliers de lettres écrites par des familles inquiètes du sort de l’être cher parviennent à Genève. Le texte de ces courriers doit alors être résumé en 25 mots et retranscrit sur un formulaire spécial, le message civil ou message familial.
Dans certains dossiers d’archives, nous trouvons encore la trace de courriers originaux. Des femmes y expriment leur amour, leur inquiétude et leur espoir de rétablir le contact avec leur amoureux et d’avoir des nouvelles.
C’est le cas du document ci-dessous, adressé à un militaire français en Afrique du Nord.
Dans cet autre lettre, c’est une épouse qui s’adresse à son mari stationné à Dakar. Ce militaire porte un prénom de circonstance, Amand:
Certaines lettres sont des véritables déclarations d’amour. Ainsi, cette lettre écrite par un matelot français de Bizerte à sa bien-aimée. Encore une lettre qui n’a jamais été reçue telle quelle par son destinataire. Cela a-t-il changé le cours de la vie de ces deux amoureux ?
Pour les prisonniers français capturés en 1940 et qui vont pour la plupart rester en captivité durant cinq longues années, le temps est long et la séparation avec les épouses ou les fiancées est cruelle. 20 millions de lettres et de cartes seront transmises par l’intermédiaire de l’ACPG aux prisonniers de guerre et aux internés civils. Dès le 1er janvier 1941, lettres et cartes adressées aux prisonniers de guerre doivent être rédigées sur des formulaires spéciaux qui sont envoyés par le prisonnier lui-même.
Voici le courrier envoyé par un prisonnier de l’Oflag IV D à sa femme résidant à Casablanca, peu après le débarquement allié en Afrique du Nord et le bombardement de la ville. On y lit toute l’inquiétude de l’époux et son sentiment d’impuissance.
Voici une autre lettre, écrite par l’épouse d’un prisonnier de guerre français détenu au Stalag VIII C de Sagan. Le prisonnier avait agrafé le courrier à l’intérieur de son livret militaire, comme pour le préserver et le cacher des regards. Malheureusement, ce livret a été confisqué par les autorités allemandes et n’a jamais été restitué au prisonnier.
Lors de la rédaction de cette lettre, nous sommes le 3 janvier 1943, et il y a déjà 3 ans que les époux sont séparés par une guerre qui est loin d’être achevée.
Dans le journal créé par les prisonniers français du Stalag XI B, intitulé la Gazette du Stalag XI B, datant du 1er février 1941, l’écrivain Paul Alpérine, alors prisonnier de guerre, publie une poésie dont le thème est la lettre reçue par le prisonnier, « une ration de joie, un moment de douceur… ».
Dans la même Gazette datant du 15 février 1941, on trouve le poème écrit par un prisonnier à sa bien-aimée :
Difficile d’exprimer en quelques lignes l’amour, la tristesse et la douleur de la séparation, l’espoir d’être bientôt réunis, mais aussi l’incertitude. On trouve beaucoup de pudeur dans ces courriers. Cependant, l’angoisse liée aux dangers de la guerre renforce les sentiments et pousse les hommes et les femmes à exprimer leurs sentiments plus librement. Et à rêver d’amour…
Commentaires