75 ans après Hiroshima et Nagasaki, l’ombre d’une guerre nucléaire plane toujours. Selon une étude publiée par le CICR en janvier 2020, 54 % des 20-35 ans pensent même qu’une attaque nucléaire a toutes les chances de se produire au cours des dix prochaines années.

Encore aujourd’hui, aucune ville n’est préparée aux conséquences de l’explosion d’une bombe atomique, et aucune nation ne pourrait y faire face efficacement. Des milliers, voire des millions de civils seraient tués et blessés sans que personne ne puisse leur porter secours.

Le droit, seul rempart face aux armes nucléaires

Le 7 juillet 2017, 122 États ont adopté le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. C’est une avancée considérable dans les efforts en faveur du désarmement nucléaire.

Il prévoit notamment une interdiction complète des armes nucléaires et des activités associées : utilisation, développement, essais, production, fabrication, acquisition, possession, stockage, transfert, menace d’utilisation, implantation, installation, ou déploiement d’armes nucléaires.

Pour les puissances nucléaires qui y adhèrent, il établit un cadre assorti de délais précis en vue de l’abandon vérifié de leur programme d’armement nucléaire.

122 Etats l’ont à ce jour adopté, mais seuls 43 l’ont ratifié. Or, il en faut 50 pour que le traité entre en vigueur.

Plus que 7 signatures d’Etats pour que le traité entre en vigueur

Début août, trois Etats supplémentaires ont ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires : l’Irlande, le Nigéria et l’État insulaire du Pacifique de Niue.

Samson Itegboje, représentant permanent adjoint aux Nations unies, pour le Nigéria a appelé à se souvenir « de notre responsabilité collective pour la paix et la sécurité.» avant d’ajouter « Plutôt que d’investir dans les armes de destruction massive, nous devrions investir dans la santé et le bien-être des êtres humains ».

De son côté, l’ambassadeur Bryan Flynn pour la République d’Irlande, a observé que le rythme d’entrée en vigueur s’accélère et que tout pays qui souhaite faire partie des 50 premiers pays à ratifier devra être rapide.

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Le spectre d’un conflit nucléaire semble appartenir au passé

Pourtant, le risque que de telles armes soient de nouveau utilisées est élevé. On voit en effet des États se retirer des traités visant à réduire les arsenaux nucléaires et à limiter les risques liés à leur prolifération. De nouveaux types d’armes sont mis au point, des menaces sérieuses sont brandies.

« Nous assistons à une véritable course aux armements et c’est effrayant. Il est de notre devoir d’encourager les États à interdire les armes nucléaires et d’inciter ceux qui en possèdent déjà à négocier de bonne foi les étapes qui mèneront à leur élimination », insiste Peter Maurer, président du CICR.

Plus de 14 000 bombes atomiques ont été recensées à travers le monde, des milliers n’attendent qu’à être lancées. Beaucoup de ces ogives sont des dizaines de fois plus puissantes que celles des engins largués sur Nagasaki et Hiroshima.

Pour rappel, à Hiroshima, la bombe nucléaire décima la ville, tuant sur-le-champ quelque 70 000 personnes et infligeant d’effroyables lésions à des dizaines de milliers d’autres. Trois jours plus tard, le 9 août 1975, venait le tour de Nagasaki. Là encore, l’explosion balaya la ville et fit instantanément 39 000 morts.

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