Le droit international humanitaire (DIH), qui est consacré, entre autres, par les Conventions de Genève, est-il respecté encore dans le monde ? Il suffit de regarder un journal télévisé, de parcourir la presse ou la toile pour penser que non. La plateforme DIH en action : respecter le droit sur le champ de bataille, destinée à un public étudiant et enfin accessible en français, essaie justement de prouver le contraire en mettant en avant des exemples concrets et documentés de respect du DIH à travers le monde.

Une plateforme académique

Alimentée régulièrement, cette plateforme met à disposition une quarantaine de cas pratiques élaborés par des universitaires et destinés, entre autres, aux professeurs et étudiants dans des domaines liés à la diplomatie et au droit international. Lancé en 2017 à l’initiative du CICR, le projet a pour ambition de provoquer un changement dans la façon dont le DIH est abordé, enseigné et étudié. Les cas sont composés de sources vérifiées et accessibles en ligne et posent un certain nombre de questions ouvertes à destination des étudiants. De vrais « cas d’écoles » pour tous ceux qui souhaitent pratiquer et tester leurs connaissances du DIH, et qui sont enfin accessibles en français.

Les règles de la guerre constamment bafouées ?

Outre son utilité académique évidente, cette bibliothèque met en avant des exemples concrets de respect des règles de la guerre, les parties allant parfois même au-delà de leurs obligations. En jetant un regard sur le monde, nous pouvons arriver à la conclusion hâtive que les règles de la guerre, sont au mieux, ignorées, au pire, volontairement bafouées en tous lieux par les parties aux conflits.

Pourtant, DIH en action répertorie de nombreuses preuves d’humanité dans la guerre. Par exemple, en 2017, le Royaume-Uni et l’Argentine signent un accord, 35 ans après le conflit qui les a opposés sur les îles Malouines faisant des centaines de morts, afin d’exhumer et d’identifier 122 corps de soldats inconnus, soulageant ainsi leur famille du poids de ne pas savoir. Le principe d’humanité est au cœur de toutes les dispositions du DIH. Il n’interdit pas la guerre, mais lui fixe des limites morales.

Accéder au cas d’études sur l’identification des dépouilles mortelles sur les îles Malouines

Près de Darwin, cimetière militaire argentin. Après avoir soigneusement retiré les croix et les pierres tombales, les scientifiques dégagent la terre recouvrant les cercueils à l’aide d’une petite excavatrice. Ils se servent ensuite de petites pelles et de truelles pour déterrer délicatement les corps, placés dans des sacs blancs. Au terme de 35 années passées dans un sol humide, les cercueils en bois se sont entièrement décomposés. CC : CICR / Didier Revol

On y fait aussi état de la libération d’enfants soldats par des groupes armées au Sierra Leone, en Somalie ou encore aux Philippines, où le groupe armé Front Moro islamique de libération a libéré plusieurs centaines d’enfants et a mis une fin définitive au recrutement de soldats de moins de 18 ans. Les Philippines ont approuvé, deux ans plus tard, une loi relative à la protection des enfants impliqués dans des conflits armés. L’application du DIH peut donc encourager, indirectement, un respect plus global de ses principes.

Accéder au cas d’études sur la libération d’enfants soldats aux Philippines.

Petit rappel des lois de la guerre

Le respect ne garantit pas la disparition de la souffrance humaine

Le respect du DIH ne garantit pas la disparition des souffrances humaines liées à un conflit, il est d’autant plus régulièrement violé, il est cependant démontré qu’un comportement conforme à ces règles réduit significativement les souffrances humaines. Lorsque les cas reproduits soulignent le respect du DIH par une partie à un conflit armé, il ne s’agit pas d’ignorer les souffrances causées aux victimes par cette même partie, que ce soit en raison d’attaques licites ou de violations du DIH.

À noter que les cas d’étude disponibles sur la plateforme n’expriment pas la position du CICR.